radu g. pAun
La relation de voyage de Nicolas de Nicolay, voyageur, geographe et aussi espion du roi de France Henri II, est cćlebre plutót pour les gravi res qui 1’illustrent que pour le texte proprement-ditł. Ceci parce que — comme l’ont observe les auteurs de 1’ćdition de 1989 — le texte est typique pour 1’esprit compilatif de l’ćpoque. Notre propos est seulement de mettre en evidence quelques emprunts de Nicolay, puisćs chez d'autres auteurs qui avaient ćga-lement voyagć dans 1’Empire Ottoman, afin de reconsiderer la valeur docu-mentaire du texte fsouvent cite dans les ćtudes sur les Turcs) 2 pour l’his-toire du Sud-Est europćen et, en mSme temps, afin de complćter la listę des lectures de 1’auteur franęais. L’śdition de Marie-Christine Geraud-Gomez et St. Yćrasimos ignore souvent les sources d’informations de Nicolay en ce qui concerne 1'histoire des autres peuples de TEmpire Ottoman, outre les Turcs.
II est bien ćvident que le voyageur essaye, en s’adressant aux descrip-tions qui ont precede la sienne, de supplćer aux lacunes d’une mćmoire qui avait commencć a oublier certains aspects de son voyage, tenant compte du fait que son livre apparait une dizaine d’annćes plus tard et 25 ans aprós le retour de Nicolay en France. II est vrai que Nicolay fait mention de quelques auteurs, qui sont Postel, Belon du Mans, P. Gilles et Menavino, mais la plu-part de ses sources demeurent cachćes derriere l’ćcran de son texte.
II convient aussi de remarquer le caractere routinier des « Turcica », com-portant des lieux communs quasi-obligatoires, ce qui amene a une « standar-
* Nouvelle edition parue sous le titre « Dans TEmpire de Soliman le Maguifique”. pre-sente et annote par Marie-Christine Gomez-Gśraud et Stephane Yerasimos, CNRS, Paris, 1989. Toutes les citations proviennent de cette 6dition.
1 Pour 1'utilisation et rśutilisation des gravures de «Les Navigations, pśrśgrinations et voyages faits en Turąuie par Nicolas de Nicolay Dauphinois seigneur d'Arfeuille.. . », Lyon, 1567 (IłC ód.), voir Tśdition citśe, p. 32/36. ainsi qne Clarence Dana Rouil!ard, The Turk in French History, Thought and Literaturę, 1520—1660, Paris, 1942, p. 87, n. 2; p. 276— 278, qui offre aussi un dense quoique incomplet commentaire sur la valeur historique de rceuvre de Nicolay (p. 212—217); voir encore Carl Gollner, Turcica, Die europdischen Tttr-kendrucke des XVI* Jahrhunderts, III Band (Die Tilrkenfrage in der offentlichen Meinung Europas im 16. Jahrhundert, Buc.-Baden-Baden, 1978, p. 377—391.
2 Pour les ćditions de ]Touvrage de Nicolay voir C. Gollner, op. cit.t vol. II, Nr. 1545, 1241, 1662—1665, 1683, 1684, 1722, 1778, 1798, et, plus rócemment, St Yśrasimos, Les Vo-yageurs dans VEmpire Ottoman, XVe—XVI6 siecles. Bibliographic, itiyUraires et inventaires des licux habitSs, Ankara, 1991, p. 224, avec la rśserve que 1'auteur ne fait pas mention de sa propre śdition critique, parue deux ans plus tót, et place la premifcre śdition de Nicolay en 1568, au lieu de 1567, comme il Tavait fait dans son «Introduction » ci 1’śdition de 1989 de Nicolay. (Voir aussi Loukia Droulia, The View of Modern Greeks through the Midsixteentli Ccntury Travellers*Accounts, in t Bałkan Studies”, 21, 2, 1980, p. 283, n. 22. AjoutonS que C. Gollner fait mention d'une traduction allemande de Nicolay inconnue & St. Yerasimos (Vier Bucher von de Raisz und Schiffart, Antorff, 1577, op. cit.t nr. 1683).
Rev. Źtudes Sud-Est Europ., XXXIII, 1-2, p. 171-180, Bucarest, 1995