transposer symboliąuempent la violence qui est faite devant nos yeux sur quelqu'un d'autre a celle qui pourrait nous etre faite.
A la DDC, la violence que Ton voit sfarchiver dans les oeuvres et sur les murs ne nous renvoie pas a nos peurs individuelles. Tandis que la violence vue a travers la television est formatee pour inspirer la peur, de par la naturę meme du medium (fenestron sur le monde, depuis un terrier bien abrite, qui incite a ne pas sortir et a se proteger), la violence presente a la DDC, en plein air, au coeur d'un village tranforme en champ de bataille symbolique de Phistoire de Part pousse a s'interroger, pour reprendre les termes de Thierry Ehrmann. Autant la violence televisuelle est esthetisee pour elle-meme, pour rester bien loin dans son propre cadre, autant la violence de la DDC est quasi transcendante et s'adresse au visiteur en tant qu'habitant conceme par le monde. Conceme, touche, emu. Et c'est aussi parce que cette violence particuliere, qui se deroule dans des lieux ou le visiteur ne va jamais (Kaboul, les Minguettes...) ne lui est accessible normalement qu'a travers la television, que le contraste est si grand, et que la visite a la DDC a cette mission « d'ouvrir les yeux ».
Le choc eveille la conscience. C'est une des vertus de la violence. Meme si Pimage-choc peut mentir, le choc reste authentique et transforme le regard sur le monde. Meme si apres coup la justice etablit que le policier avait de bonnes raisons de tirer a bout portant au flash-ball dans Poeil du manifestant, le temoin se souviendra avant tout du geste du representant de Pordre et de ce qu'il implique de sauvagerie.
C'est par egard pour la vertu de ce choc que Jean Pierre Dupuy defend Pidee de catastrophisme eclaire. A la question « Pourquoi n’arrivons-nous pas a croire en la catastrophe? », il repond:
« D'abord parce que nous jouissons d’un confort auquel cette croyance nous obligerait a renoncer. Ensuite, face aux menaces ecologique et nucleaire, nous n,arrivons pas a avoir peur, car Pavenir est trop abstrait pour nous: il n'y a que des « fiiturs possibles », entre lesquels Phumanite devrait choisir comme dans un supermarche. Tant que Pavenir n’est que possible, il ne nous envoie aucun signal et ne possede pas le niveau de realite suffisant pour nous inciter a agir.75 » Le catastrophisme eclaire consiste a faire monter le niveau de realite de la catastrophe. Si nous avons conscience des dangers qui nous guettent, nous saurons mieux nous y preparer. Dupuy evoque a ce sujet la notion biblique de veille. II est interessant de constater la proximite entre la notion d'ćveil de la conscience planetaire -climatique en Poccurence- et cette notion de veille, qui survient apres Peveil, pour la preparation et eventuellement Penrayement de la catastrophe. La conscience ne s'eveille que si nous est accessible la realite dans toute son ampleur, sans edulcorants. Tout le probleme est bien de
75 Intervicw dc Jean Pierre Dupuys pour le magazine « La Vie », op. Cit
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