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aiors en semiologie de la signification (des indices)". En fermant les yeux sur les faux-fuyants du genre "largement, sinon totalement" ou "au sens Jarge" avec lesąuels il laisse son lecteur se depatouiller, 1'idee de G. Mounin me parait dans 1'ensemble fort juste. Mais, pour distinguer la signalisation incorporee a Pimage et 1’information que peut y trouver de surcroft, comme en toute autre chose, l‘observateur, je prefere le concept de "congruence", propose ici il y a deux ans, aux jeux sur le m£me '•signification” et au recours bien vague a 1'anthropologie. II s'inscrit aisement dans une problematique attachee a regulierement dedoubler les points de vue de 1' "usager" et de l'observateur, a attendre que series et ensembles puissent fctre d'ordre "artistique" ou cPordre archeo!ogique, a ne pas prendre le corpus pour autre chose qu'une realite d'observation, etc., etc.
Ce dernier exemple amene a repeter que la doctrine a affaire aux mots, mais qu'elle n'est pas une affaire de mots. 11 faut opposer "congruence" a "pertinence" parce qu'on a cru devoir distinguer deux points de vue, mais la doctrine n'est pas la complaisance au jargon. Pour faire entendre que le phoque est tantót dans l'eau et tantdt sur la plagę, nul besoin cPecrire qu'aux confins du maritime et du terrestre, il assure, dans 1'imaginaire collectif, la mediation du sec et de 1'humide ! Mais si j'enonce un des objectifs de la fouille stratigraphique comme enlevement successif de couches de terre superposees, ce qui est sans conteste la faęon la plus simple de le dire, je ne pourrai jamais etablir le lien avec l'observation archeologique d'un seuil portant la tracę de trous de gonds creuses a quelques centimetres, mais a plusieurs annees de distance. Pour desocculter la communaute de visee, il faut bien faire le sacrifice dłune generalisation plus abstraite, si rebarbative qu'en puisse £tre la formulation, et parler de la "projection de temps distincts sur la continuite d'un mSme espace" (RAMAGE, 1, p.7), voire opposer la diachronie a laquelle on vise et la syntopie qu'on prend pour donnee. En tout cela, pour nous, pas 1'ombre d'un chatouillis du Verbe. Aussi est-il des mots dont nous n'usons pas. "Comment definissez-vous Ja connotation ? que faites-vous de 1'anastylose ?" Reponse : nous n'en faisons rien, en tout cas pour 1'instant : la "connotation" dont parlent les autres n'est souvent que l'exploitation de la diversite sociale de 1'usage et ne sert, une fois de plus, qu'a melanger le glossologique et le sociologique ; et la troika "restauration - restitution - reconstitution" ne saurait se faire quadrige puisqu'on n'a distingue que trois faęons de reconstruire 1'integrite d'un ouvrage. On r^ve toujours qu'il y ait un concept sous chaque mot ; en fait, la polysemie emp^che que soient egaux le nombre des mots et celui des concepts. C'est pourquoi, si l'on manque souvent de mots, il arrive tout aussi frequemment qu'on en ait trop pour dire ce qu'a 1'analyse on croit avoir reconnu : verbalisme et jargon naissent a 1'instant ou l'on ne renonce pas aux mots qui font seulement plaisir.
O adorable et salutaire doctrine, si provisoire et incessamment contestable soit-elle ! qui dispense d'^tre ingenieux a toute heure et qui, si elle est coherente et sans compromis-sion a la modę du jour, confere une competence bien aussi "operatoire" qu'une solide erudi-tion, mais competence, cette fois, du moule et non plus des ingredients. Et comme il faut plaindre ceux qui vont dęci dela sans doctrine ! De tant de collegues industrieux, mais