Helas, le vent grec est traitre et le mistral n’est pas moins im-previsible. Aussi, de nombreux navires sont-ils drosses au cours . des ages sur les haut-fonds chan-geants du delta rhodanien avec leur precieuse cargaison d’am-phores pleines de vin latin. On en repechc encore bien souvent.
Pourąuoi donc, bravant les in-terdits romains sur la culture de la vigne par les « barbares», ne pas essayer dłen cultiver sur ces fameuses dunes, ou on ne peut produire de sel et qui servent de parcours aux noirs taureaux et blancs chevaux, une autre pro-duction naturelle du cru ? Et c’est Forigine de la culture de la vigne.
Petit-a-petit, ces «vins-des-sables» acqui&rent leur reputa-tion, tout comme le bon sel d’Aigues-Mortes. Au Moyen-Age, Charles VI et Charles VII favorisent leur developpement. Le vignoble survit aux invasions, aux guerres civiles, aux crises econo-miques. Au xvmc siecle, un his-torien languedocien. Di Piętro, parlant de la vigne d’Aigues- , Mortes, ecrit : « On la cultive... surtout dans les parties sablon-neuses... le vin est leger, mais d’un tres bon gout. On cite surtout un vin clairet qui, sans doute, ne peut rivaliser avec le Champagne, mais qui en a toute Fimpetuosite ».
En 1865, notre jeune societe,
la Compagnie des Salins du Midi, a neuf ans. Bien sur, elle a trouve, des sa naissance, des vi-gnes sur les cordons dunaires se-parant ses ćtangs sales. Mais la consommation en reste locale. Un desastre, de dimension nationale, et meme europeenne, va forcer le destin. Dans les annees 1873-1880, le vignoble franęais est victime d’un fleau implacable. II s’agit d’un insecte venu d’Amerique, on ne sait comment, le «phylloxera vastatrix » qui, meritant pleinement son nom, va en detruire pres des deux-tiers en sept ans.
Or, il se trouve que ce puceron ravageur ne peut vivre dans les sables siliceux fins qui consti-tuent les cordons dunaires d’Aigues-Mortes, car, pour s’at-taquer aux racines de la vigne dont il se nourrit, il doit, dans sa formę souterraine, creer des ca-vernes qui ne tiennent pas. Tres vite, la Compagnie des Salins du Midi acquiert la certitude qu’elle tient la une chance exception-nelle : se substituer le plus possi-ble aux productions frappees par le fleau.
Et les ingenieurs saliniers, for-mes a la methode scientifique, de se transformer aussitót en vigne-rons ! Commcncee en 1875, me-nee avec une grandę rigueur et beaucoup de crćativite, 1’entre-prise de realisation d’un immense vignoble est poursuivie par tran-ches succcssives, a la fois dans la region d’Aigues-Mortes et sur le cordon littoral qui relie Sete a Agde. A la fin du XIXC siecle, 850 ha ont deja ete plantes. Le vignoble est accompagne de cel-liers imposants ou trónent des rangees impressionnantes de fou-dres de 300 hl, et il met en oeu-vre des techniques inconnues ail-leurs. On vient le voir du monde entier.
Au debut du XXC siecle, le vi-gnoble des Salins du Midi conti-nue de se developper. Vers 1905, il couvre pres de 1 200 ha, enorme superficie pour cette epo-que et produit annuellement envi-ron 100 000 hl. •
Mais, en un paradoxe qui n’est qu’apparent, du pays d'ou etait venu le mai, est venu aussi le re-mede. On a decouvert des porte-greffes americains resistant au phylloxera sur lesquels on a greffe les vieilles vignes franęai-ses. Des lors, Feffort de replanta-tion a ete generał en France et on en est rapidement arrive a des crises viticoles de surproduction, successives et graves, notamment des avant 1914, qui ont entraine, avec d’autres, le vignoble des Salins du Midi dans une phase de regression.
Survient alors la derniere guerre mondiale. Pour mettre les cótes en etat de defense, les oc-cupants enterrent, tout au long du littoral, un nombre considera-
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