Certes , nous ne sommes ni les seuls , ni les premiers a nous occuper du sauvetage des vieux monuments et vieilles vill.es : le monde est deja sensibilise a ce probleme et un grand nombre d'architectes, d'historiens, d'archeologues se sont deja penches sur le probleme en maintes occasions .
Mais la ąuestion s'aggrave pour des raisons politiąues , . sociales et financiferes .
Politiques parce que les guerres amenent 1'abandon : a ANGKOR , il n'y a pas seulement le fameux tempie hin-douiste d'ANGKOR Vat semblable a celui que nous a montrć notre collegue BRAND , mais 287 monuments dont une quin-zaine ont une taille qui les rend comparables a nos cathedrales . Or aujourd'hui , ils sont a 1'abandon : les pluies abondantes et 1'absence d'entretien des drains, conjuguee au poids considerable des monuments les desta-bilisent,ainsi que les remblais qui les entourent dont les murs ne peuvent plus contenir la poussee .
Raisons sociales : les vieilles villes ne veulent pas mourir . Mais pour que la vie s'y maintienne et les irrigue , il faut amenager sous celles-ci des circula-tions souterraines , creer des acces a celles-ci et des parcs souterrains, et tout ceci avec des dommages aux vieux edifices .
Raisons financieres evidentes car les pays sous-ddveloppes par exemple , ou se trouve un certain nombre de ces monuments , ont a faire face a d'autres necessi-tes .
Le sauvetage des vieux monuments exige donc un effort accru et efficace . Or, un des elements essentiels* de leur survie est la maitrise de leurs fondations a la fois en termes techniques et finąnciers : maitrise tres speciale qui appelle le concours de geotechniciens dont la competence puisse s'affirmer en face des considera-tions suivantes :
I0/ L'eventail des Solutions est tres large et leur choix est delicat .
2°/ Le diagnostic depend au premier chef d'une reconsti-tution de 1'histoire de 1'edifice (phases de construction, modifications a l'oeuvre , travaux au voisinage, etc...) et d'une observation des mouvements (tassements, transla-tions , rotations , etc ...) pendant une longue periode couvrant plusieurs saisons .
3°/ Le diagnostic depend par ailleurs d'une etude com-plete des caractćristiques du sol <a long terme notam-ment) et des variations de la nappe , eventuellement des vitesses de dissolution des sols ou roches .
4°/ Pour les problemes presentant une certaine ampleur , il convient de dresser des cartes rapprochant les nivel-lements du sol et du toit de la nappe d'une part, de la geotechnique d'autre part .
5°/ Avant tout choix de solution , il faut rechercher si les nuisances dues a l'activitć de 1'homme (pompages sauvages, variations de la nappe, fontis , infiltrations d'eaux nocives , gonflements , vibrations, erosion due aux agents atmospheriques, etc ...) ne sont pas respon-sables des dommages.
6°/ II y a toujours avantage a eviter des reprises en sous-oeuvre trop partielles afin d'ćviter que les parties sauvees ne jouent le role de points durs .
7*/ Si les moyens finąnciers ne permettent pas une reprise en sous-oeuvre generalisee , il ne faut pas hesiter , pour limiter cet effet de point dur , a asseoir les parties restaurees sur des fondations qui puissent conceder quelques tassements (en adoptant par exemple des pieux a coefficient de securite limite par exemple) .
8°/ L'electronique permet aujourd'hui de regler automati-quement les pressions developpees sous la fondation en fonction de deformations mesurdes sur 1'edifice dans les differentes phases de la reprise en sous-oeuvre.
9°/ Pour savoir quels tassements ou soulevements diffd-rentiels sont admissibles , il convient d'etudier la rai-deur des constituants (mortiers , briques , pierres, etc ...) et le systeme d'elements porteurs compte-tenu des fissures existantes .
10*/ On doit tenir compte de ce que toute reprise en sous-oeuvre produit des tassements avant sauvetage .
11°/ La valeur de l'equipe qui met en oeuvre un procede classique est aussi importante a considerer que le caractere novateur d'un procede .
12°/ Le geotechnicien doit connaitre de mieux en mieux les conditions de pourrissement des bois , de corrosion d'acier , d'alteration des betons au-dessous et au-dessus d'une nappe .
En conclusion , s'il a fallu des artistes pour la construction des vieux edifices , il en faut aussi pour assu-rer leur sauvegarde . Et jamais le mot art de 1'ingenieur n'a pris autant de sens . Nous autres, ingenieurs geotechniciens , devons avoir un role important dans cette restauration . II serait donc interessant que les Societes Nationales de Mecanique des Sols et Travaux de Fondations reunissent une documentation comportant un abrege de cette session 9 et des cas typiques nationaux pour la presenter aux autorites administratives de leur pays chargees de cette restauration .
II est recommande egalement a la Societe Internationale d'adresser un abrege des comptes-rendus de cette session 9 et en particulier des presentes conclusions a 1'UNESCO avec 1'annuaire de nos societes, en lui proposant la collaboration de nos membres partout ou s'impose la sauvegarde de vieux edifices ou de vieilles cites .
Toutes ces conclusions sont le fruit des reflexions de tous les membres de notre panel, et en particulier de notre vice-president le Prof. A. CROCE et'de notre rap-forteur generał le Prof. U. SMOLTCZYK et du co-rapporteur le Prof.R.BUTTERFIELD . Je les presente en leur nom a tous .
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