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n'en pas sentir le mórite et la valeur. Reęois ma bieD sin-c£re reconnaissance, elle vivra dans mon cceur aussi long-lernps quc moi-mórae, et se reprćsentera & mon espril tous les jours de ma vie; jai toujours prić pour toi avec goili, dorćoavant ce sera avec dćlices.
« II y a longtemps, mon cher, que je demande un coad-juteur, a prćs de 85 ans, il serait bien lemps que l'on ine 1'accordAt. Dieu veuille que Ton y songe enlin ! J irai lant que je pourrai; j’ai a cceur de voir prospćrer une ścole de tlićologie que jentretiens ici, depuis que je suis a Stras-bourg : elle ma donnó dćjfc environ 120 sujets, qui lem-portent sur ceux qui les ont prćcćdćs. Je nc les oęcupe que de la tlićologie, parce que dans les Sćminaires ils ont trop dautres occupations ; ils finissent leur annóe ici par la Discussion Amicale. parce que mon diocese est plein de prolestauts. Ceux qui sont sortis d ici connaissent parfai-tement ces questions, et jai le bonheur d'avoir a leur tćtc un des premiers sujets que jaie jamais rencontres. Tu 1'aimerais si tu pouvais le connaltre. 11 est vrairnent d'un merite supćrieur. Yoila dou/.e ans qu'il est dans les huu-tes etudes.
w Adieu, mon bien aimć, mon clier Poulpiquet ; con-serye-toi pour ton diocese. Toul d toi a jamais de toute mon ame.
« II faut que je te dise que jai fait ici l'acquisition dune petite campagne, ou j ai douze ćleves avec leur directeur, dans un fort beau local et dans un village bien bon. Mes voyages dAngleterre et d Allemagne m ont mis k mćine d acquerirce local, que j’ai cćdś & mon Sćrainaire aprćs moi. Nous avons ici tout ce qu'il nous faut, en livres et traitćs, pour de forles ćtudes.
u Adieu, adieu, approche que je l embrassc! n
C est la dernifrre lettre que nous possćdions. M<r de Poul-piquel mourut Ic j*r Mai 1810. Arrivó k l'Age de 80 ans, M*r Le Pappe deTr6vern obtint pour coadjuteur Affre, puis M«r Kaess, qui lui succćda.
Le MandementdeM.rEvćquedeStrasbourgqui annonce au diocese la morl de M*r Jean-Franęois-Marie Le Pappe de Trćvern, dćcedś le 27 Aodt 1842, dans sa rśsidence de Marlcnheim, contieńl cel eloge du prelat dćfunt :
« M,rde Trćvern avait traversć les jours mauvais d une ćpoque dćsastreuse ; ii arriva dans ce diocese romme un conlcsseur des premiers si&ćles du Christianisme, portant sur son corps les cicatrices d un long exil. Semblable k ces unciens apologistes de 1'Eglise, il avail chanie sur les rives des lleuves ćtrangers les cantiques du Seigneur, et ćcrit des ouvrages plcins de foi et de savoir pour la dć-fense de la religion persćcutće. On peut inćme dire qu'a-pres les immortelles dissertations du grand Bossuet peu d'ouvrages de coutroversc ont śtś ćcrits avec autant d'6-rudition, decharitśet de Iogiqueque la Discussion Amicale du vćndrable dśfunt. Cel ouvrage a puissainment contri-buć au mouvement religieux qui s'op^re en Angleterre. et beaucoup de conversions partielles sont dues, aprós la grAce de Dieu, k la lecture de cette expositiou theolo-gique.
« M<r de Tróvern a ćtó, pour ainsi dire, le Sauveur de nos pelits seminaires, qu'il a trouvćs ćcrasćs sous le poids des dettes. Combien de soucis, de chagrins, dennuis et de tribulations lui a valu, k celte occasion, sa voloute ferme et inebranlable! Combien avait-il Acceur de voir lormer la jeunesse clericale par des niains pieuses, siires et habilesjj