Pour nous, apres 1’etude detaillee des textes de saint Thomas dans leur succession chronologique, apres le double confirmatur de leur parfaite coherence avec les doctrines connexes et Tapport de la tradition theologique, il ne reste plus le moindre doute sur la pensee du saint Docteur au sujet de laumone1. Resumons-la donc en ses lignes essentielles.
Par une disposition providentielle les biens terrestres sont or-donnes aux nócessit6s de la vie humaine. L’homme librę et intel-ligent doit s’en servir, mais en reglant son activite sur cet ordre ontologique imprescriptible. La est la vertu humaine. S’il ne se sert pas des richesses selon cet ordre, il est ou avare ou pro-digue; le juste milieu est dans la liberalite, primo et per se deta-chement du coeur et consequemment don aux autres. Le liberał est dans la disposition d’ame requise pour Taccomplissement facile du precepte de Taumóne qui s’impose a lui par la yolonte du Legislateur supreme. Mais le precepte laisse intactes les limites vertueuses de la libćralite: le necessaire de soi et des siens et la prevoyance qui 1’accompagne. Hors de la il faut donc d’autres precisions, qui vont regler les dons a faire. Elłes se trouvent dans la naturę meme des biens qu’on possede: s’ils ne sont plus utiles pour nous ou pour les notres d’apres notre condition sociale
De nos jours des voix autorisees expliquent ainsi saint Thomas: v. g. le P. T. Pegues, O. P., dans son Commerdaire franęais littiral de la Somme theologiąue de saint Thomas d'Aquin, t. X, 1915, p. 666-675; Dom Lottin, O. S. B., dans le Btdlelin de Theologie ancienne et medieoale, t. II, n. 89; R. P. Vermeersch, S. J.: (( Crise sociale et theories reformistes)), dans les Dossiers de VAdion Populaire, 1930, p. 937, notę 1.