15 Elias Habesci - 1’Empire ottoman 131
ileś ioniennes. Pour ne pas s’arreter en si bon chemin on dćsignait Damas comme nouvelIe capitale des Turcs asiatiąues et on prevoyait que le commerce du Levant ałlait affluer vers Anvers apres la devolution des Pays-Bas autrichiens au roi de Hollande («for there will shortly be one»). La fantaisie de notre auteur se dechainait devant la carte et l’avenir qu’elle lui devoilait etait bien different de celui qu’il avait prophćtise k Vergennes en 1782 quand il craignait que les Habsbourg se rendissent maitres de «la Servie, la Bośnie, toute rEsclavonie et nieme la Morće72 jusqu’a Salonique,la Moldavie et la Valachie: qui pourrait empechen>, clamait-il alors, «ces progres si vastes et si epouvantables pour les autres Puissances?» 73.
II reconnait avoir ecrit The Present State of the Ottoman Empire a Londres en 1782. Le traducteur du manuscrit firanęais aurait ete un ancien consul britannique a Ostende, Mortimer. Le pseudonyme «Elias Habesci» serait 1’anagramme de «Sahib-el-Sicia»: en arabe, 1’ami des infortunćs. Quant a son vćritable nom, ii en livre seulement les initiales, A. G., dont celle du prenom convient aussi bien a Alexandre qu’a Antoine. De sorte qu’on pourrait se separer ici d’un mysterieux Ghika s’il n’y avait encore l’extraordinaire Listę de ses travaux historiques et politiques.
En effet, ii pretend avoir publie au Liban, en 1769, deux livres en arabe (Traduction d’un manuscrit tres ancien de la langue siro-chaldaiąue retrouve a Urfa et L 'origine des Druses.abitans du Mon Liban, leur gouvernement) dont le premier «traittoit de ce que firent les restes vaincus et disperses des troupes de Juli en 1’Apostat lorsqu il fut tue». Urfa, Edessa dans l’antiquite, est bien 1’endroit ou l’on efit pu decouvrir un fragment d’Ammien Marcellin, mais il est absolument invraisemblable que notre voyageur, si vraiment il etait jamais allć en Mćsopotamie, fut capable de lirę 1’aramćen. II se donnę aussi pour auteur d’un ouvrage, Origine des Jasidis, abitans du Mont Sengiar entre le Tigre et l ‘Eufrate, en italien (Venise, 1775), ce qui serait le resultat de la meme experience. Les trois publications suivantes auraient eu en commun leurs demeles avec la censure: De la comparaison de la Porte ottomane avec la Porte Romaine, en latin, a Naples, 1775, faussement datę de La Haye, defendu par Romę et en quelque autre royaume; Sur la necessite absolue de la Cour de Russie d’etre toujours la bonne et sincere amie de TAnglelerre, si elle veut conserver sa grandeur, en langue russe, a Moscou, 1780, defendu par le gouvemement russe et les copies ramassees: une petite brochure sur la Pologne, en langue polonaise, defendu enplusieurs endroits,les copies ramassees. II fut traduit ensuite et imprime en franęais». II faut dire que les poursuites policićres foumissent une bonne raison pour la disparition de ces Iivres que personne n’a vu. Enfin,trois volumes, a Toulouse, en 1783. Leurs titres sonores se passent de tout commentaire: De l 'eąuilibre politiąue, morał etphysiąue du monde, Des relations que toutes les nations ont et doi\>ent avoir entre elles, en politiąue, en morale et en physiąue et, pour finir, Des premiers moments de la formation des idees dans notre cerveau...Voici une bibliotheque imaginaire digne de Borges.
72 Sic , probable erreur de lecture pour «Roumćlie» (1’edition est extiemement negligente).
73 Huranizaki, suppl.I, vol.II, p.29. L’interet pour la Gćorgie, deji manifestć dans The Present State, n’estpas moins ćvident dans le jouraal de Constantinople (N.Corivan, art.cif., pp. 29-30).