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13 Identite ethniąue - identitć politiąue 91

Ces villageois semblent etre soumis au capitalisme sous une formę transitionnelle de subsomption formelle, en meme temps qu’ils subissent 1’ideologie du pouvoir central. La division interieure est renforcee par une autre, extćrieure qui est liće a 1’esprit d’individualisation des menages, conforme a la logique de modemisation de la politique agraire. Des incidents comme le suivant le prouvent: la reanimation du jour de Babo, rituel celebre par les femmes le 8 janvier, a echoue lorsque Ies femmes qui y participaient rejetaient l’une l’autre en fonction de leur ideologie politique; il en est de meme pour les associations de jeunes, et les cooperatives.

La personnalitć de chacun est d’abord marquee par son ideologie politique exprimant d’habitude une volontć collective de sa familie. L’individualisation de la personne et sa diffćrenciation avec ses parents arrive lorsque quelqu’un fait un autre choix politique; un exemple caracteristique provient de 1’attitude d’un jeune dont les parents bien qu’ils rejetaient tous ses choix tant dans le domaine professionnel que personnel, accepterent son choix politique provoquant pourtant a leur ógard et leur groupe de provenance, lorsque celui-ci posa sa candidature pour les ćlections municipales dans le parti poIitique opposć. L’expression poIitique apparait alors comme le seul refuge que 1’identite personnelle trouve devant les messages confiis de la politique agraire et de 1’ćcole. L’examen des dissertations des eleves de 1’ecole primaire que j’ai pu consulter pour la periode 1950-74 m’a donnę 1’occasion d’etablir ces remarąues ci-dessus. L’ćcole, durant cette periode, etait un miroir dans lequel les valeurs sociales se refletaient; elle refletait la peur des responsables du systeme educatif devant la capacite critique des eleves, de meme que le pouvoir politique avait peur devant la capacite critique des ses citoyens (Fragoudaki, 1979: 19). Or, la realite que les livres de lecture presentent, n’a aucune relation avec la realite sociale dans laquelle les eleves vivent. Elle y apparait comme un univers super-moral oii tous les problemes dependent de la volontć divine, de l’ordre naturel du monde et sont determines par l’intervention du destin et se boment a la lutte etemelle du bien et du mai. Dans un tel ćtat de choses, 1’obligation morale, religieuse ou patriotique a prioritć par rapport aux valeurs humanistes bourgeoises, dont le meilleur instrument de propagation devrait etre 1’ecole, comme dans les autres pays d’Europe (Tsibiridou, 1990: 285). L’enfant devait integrer deux normes; la normę ideale que presentait 1’ecole, en contradiction avec la normę vecue. Cette situation ambivalente ne pourait que pousser les enfants dans une fuite, reelle au debut - les eleves preferent aller chasser dans la foret au bois - ou imaginaire plus tard: Les dissertations sont a cet egard caracteristiques ou des eleves tres pauvres, avec des parents tres insouciants et paresseux presentent une realite ideale de leur familie, avec des parents riches, travailleurs et tendres.

En outre, le mecanisme psychique de la denegation que les enfants font dans leurs dissertations, traduit des valeurs sociales comme: «les mobiles d’un meurtre ou d’un vol paraissent etie toujours les produits de la compćtition et de 1’antagonisme parmi les familles; «on vole et on tue par haine», «si quelqu’un a des richesses, nous en sommes jaIoux»». La devotion a la realite presente est telle qu’en cas de pechć, que les dix commendements de 1’Eglise condamnent, la punition n’est pas divine ou sumaturelle, mais sociale: «H ne feut pas voler parce qu’une fois appele