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KHENTI-KHETI, DIEU CHTONIEN
solaire aile; le champ cst partage en deux registres: en haut la scene d'adoration, en bas le texte. La gravure en est mediocrc; les figures ainsi que les hieroglyphes sont incises sans aucune indication de details et se presentent presque commc des silhouettes.
Le dieu (a gauche) est assis sur un siege cubique, les pieds sur un tabouret, semble-t-il; il est coiffe du nms surmonte du disque solaire, insignes auxquels sont ajoutees la barbe postiche et la perruque longue. Seul le contour de la figurę divinc cst tracę en creux sur la dalie, comme une ombre, et cela lui donnę Papparence d’etre cmmaillotćc dans des bandelettes de momic. Ainsi profile, il semble que Khenti-kheti soit ici represente sous Paspect d'une statuę.
Cette image met en evidence une particularite etrange: les jambes du dieu ont ete coupees, tranchees en travers des cuisses.
Devant la statuę de Khenti-kheti se tiennent, lui rendant hommage, Osiris-nekhet et son pere. lis se prosternent dcvant le dieu, agenouillćs sur leurs talons, les bras etendus pour toucher des doigts le sol, geste de priere exceptionnel en Egypte ancienne.
Cet episode figurę sur notre stele compose un ensemble; il doit, par consequent, etre dechiffre en respectant Tunite de la composition et, simultanement, la relation entre le dieu estropie et les adorants prosternes devant lui en touchant la terre.
Les gestes dc priere ne sont pas arbitraires; ils sont, sinon prescrits, du moins voulus par Pusage et dependent de la sorte de priere presentec, ainsi quc dc la naturę du dieu invoque, car ces gestes ne representent pas seulement un acte de vćnćration dc la part de celui qui invoque le dieu, mais ils etablissent un rapport entre la divinite et son adorateur et constituent des actes magiqucs garantissant, pour ainsi dire, que la priere arrivera a destination et sera ecoutee.
11 cst legitime et evident qu’on sładresse aux dieux dont on imagine la demeure aux cieux en elevant les bras et, par opposition, que l’on se penche vers la terre et qu’on touche le sol en invoquant les dieux qui sont censes y sejourner.
Osiris-nekhet et son pere, prosternes devant la statuę dc Khenti-kheti, font spontanement penser a quelques vers de Tlliade (9, 568-71) rapportant la priere d’Althee aux divinites chtoniennes et funeraires et demandant la mort pour son flis: «Souvent frappant des mains la terre nourriciere, elle invoquait Hades et la dure Persephone. Sur le sol etendue ... elle leur demandait la mort pour son enfant»2.
Le geste des adorateurs reproduit sur notre stele amene a penser quc ccux-ci font appel a une divinite chtonienne, funeraire. Cette interpretation s’acccorde-t-elle avec Pimage du dieu invoque ?
Dans le calendrier de la fete de « La quete des membres d'Osiris», au mois de khoiak, intercale dans le Papyrus Jumilhac3, on lit a la datę du 23: «C’cst le jour ou fut
2 Traduction dc R Macellićrc ap. Homćrc. Iliadę et Odyssee, Bibliothequc dc la Plćiadc. p 247. J Vandier, Le papyrus Jumilhac. p. 136.