132 Pierre -Franęois Gonidec
entre les facteurs superstructurels et les facteurs socioćconomiąues. II en rćsulte que l’explication des conflits de fronti&res n’est jamais simple, compte tenu de la multiplicitć et de la diversitć des facteurs en jeu.
Le recours au concept de formation sociale a un autre intóret. Par dćfi-nition, toute formation sociale est un tout concret et elle a toujours, par voie de consćquence, quelque chose de singulier, d’unique. De ce fait, elle conduit k ime analyse concróte de situations concrótes et permet d’ćviter toute gćnćra-lisation abusive.
Ainsi, s’agissant des conflits de fronttóres en Mauritanie et dans la come orientale de l’Afrique, 1’analyse politique permet de discerner, au-deli de caractćristiques communes, des diffćrences. En rćalitć, nous sommes en prć-sence de trois sortes de conflits :
Des conflits de type irrćdentiste, dont 1’objectif est de rćunir des populations possćdant une meme identitć culturelie et actuellement rattachćes k des Ćtats diffćrents (conflit somalo-ćthiopien).
Des conflits de type sćcessionniste, visant i accorder k une population soit 1’autonomie, soit l’indćpendance (conflit ćrythrćen).
Des conflits de dćcolonisation, rćsultant du sort fait par l’Ćtat colonial k la population d’une colonie (Sahraouis).
Un autre intćret de la prise en considćration du concept de formation sociale est que, conformćment k la loi d’unitó des phćnomćnes, cette formation ne saurait etre considćrće d’une faęon isolće. Elle est en relation avec d’autres formations sociales sur la naturę desquelles il faut s’interroger, car, nous l’avons dit, un conflit de fronttóres a le plus souvent une dimension intemationale. Cette misę en relation est d’autant plus nćcessaire qu’en dćfinitive la politique extć-rieure d’un fitat n’est que le prolongement de sa politique intćrieure sur un autre plan et par d’autres moyens.
La dynamiąue des conflits
Une des erreurs les plus graves serait de considćrer les conflits de fronti&res d’un point de vue statique, comme ćtant figćs, en quelque sorte, k un moment dćterminć. Si 1’unitć des phćnom^nes est, du point de vue mćthodoIogique, une des lois fondamentales de la connaissance, il est aussi essentiel de souligner le caractere essentiel de la loi du changement. Cela conduit k saisir les conflits de frontieres dans leur mouvement incessant, compte tenu du fait que le changement peut se produire dans deux directions diffćrentes. Ou bien les conflits se traduisent par une simple ćvolution de la situation existante, ou bien il s’agit d’une vćritable rćvolution, c’est-^-dire d’une remise en cause de la situation.
Cette distinction nous parait fondamentale. Elle explique la gravitć plus ou moins grandę des conflits, les mćthodes de lutte utilisćes, la tentation des