18 Ali ai’Amin Mazrui
La premićre ligne de conduite — celle qui consiste i dćmontrer que l’Afrique est abondamment poumie de documents ćcrits concernant son passć prćcolonial — a ćte plus largement suivie par les Africains du Nord et de 1’Ouest que par les Africains de l’Est et du Sud. Le professeur K. Onwuka Dike, ancien recteur de l’Universitć d’Ibadan (actuellement professeur d’histoire k l’Universitć Harvard), dćclarait lors du Congrćs international des africanistes de 1962 :
« En ce qui concerne les seuls documents ćcrits, nous commenęons k peine k apprćcier la dimension du problćme. Ce n’est qu’aujourd’hui, par exemple, que nous prenons conscience du fait que les archives des adminis-trations coloniales, des missions religieuses ou les archives commerciales rćdigees en langues europeennes ne sont pas les seuls tćmoignages ćcrits sur 1’histoire du continent, en dehors des cotes de l’Afrique du Nord. Nous commenęons seulement k tenir compte du fait que de nombreux peuples d’Afrique noire ont, pendant plusieurs sićcles, utilisć 1’arabe comme langue officielle et littóraire, pour des ćchanges ćcrits nombreux et varićs. Nous dćcouvrons seulement maintenant que le swahili et le hausa (pour ne nommer que ces deux langues) ont ćte trćs largement transcrits en caractóres arabes et pourraient de ce fait, en Pćtat actuel de nos connaissances, s’avćrer une source complćmentaire de documents historiques insoupęonnće. En outre, combien d’entre nous savent que des citoyens africains tels que le chef efik Antra Duke ont utilisć des langues europćennes pour leur correspondance privće, et ce, dćs le xvm® sićcle? La correspondance privće des familles afri-caines reprćsente une source potentielle de documents historiques pratiquement inexploitće k ce jour*... »
La seconde ripostę consiste k invoquer la validitć de la tradition orale comme source historique. Ce mouvement a reęu un appui scientifique conside-rable de la part d’un historien belge, Jan Vansina, auteur d’un ouvrage qui fait autoritć : De la tradition orale. Essai de methode historique. Jan Vansina, qui devait participer par la suitę au projet de rćdaction d’une histoire gćnerale de l’Afrique lancć par 1’Unesco, analyse dans son ouvrage les avantages et les inconvćnients de l’utilisation de la tradition orale dans la recherche historique. II ćlabore en outre une typologie des tćmoignages oraux et examine diverses methodes d’ćvaluation applicables k diffćrentes formes de tćmoignage.
Jan Vansina s’intćresse 4 d’autres sources potentielles d’information pour rhistorien : 1’archćologie, la linguistique, 1’anthropologie physique, 1’anthropologie sociale et culturelle, ainsi que les documents ćcrits en gćnćral Iorsqu’ils existent. D’aprćs Jan Vansina lui-meme :
« Ce que 1’historien peut faire, c’est de se rapprocher autant que possible
2. K. Onwuka Dike, « The study of African history », dans : ProceeeUngs of thc First International Congress of Africanists, op. cit., p. 58-60.