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rattre dans lc goufTre dc la rćvolution toutcs ses vioil-les Universites. Je nTimagine qu’il demanda souvcnt aux dernicrs doctcurs de la Sorbonne : Coninient se fait-il que, crećs par 1’Eglise catholique, et pour 1’Eglise .catholique ; vous si glorieux et si forts tant que vous n’avez ćcoutć qu’Elle ; vous n’ayez pas repris votre place son soleil, maintenant que le droit dc vivrc en ^.France csl rendu u votre Mere ?
* La vie de 1’Eglise, c’est la science ; ćtablic pour enseigner, il faul qu’elle sache ; et. coinme la vie qu’elle a mission dc propager, a pour attribut d*etre abondante et large (1), ainsi la sainte doctrine, qui est, avec lc Song dc Jesus-Christ, son dćpAt (2) par excellcncc, ne doit ćtre depassee, pour Tctendue ou pour la profondeur, quc par la Science de Dieu. On ne reconnait plcinemcnt la Maitresse des nations, que Iorsqu’entrc la chaire sacree de ses Pontifes, et la chairc populairc de ses Apótres, on voit s’ćlevcr la chaire savante de ses Doctcurs.
* Jean dc I-a Mcnnais, si hcurcuscment placć pour beaucoup obtenir, ne songea pas h deinander que 1’Etat relevat cette partie de nos ruines. D’aborfi. telle nest pas la pratique de 1’Eglise de Dieu. Les creations dc son genie sont avant tout spontanćes ; et, ni les cent Abbaycs qui, naguórc encorc, abritaient tant de savoir, ni les vingt l'niversites qui se partageaient 1’honneur de garder le depót, ne durent leur fondation proprement dite, a un autre pouvoir que celui de 1’Eglise. De plus, n’importait-il pas. le lendeniain de tant d’orages, dc fixcr, ailleurs qu’au centrc dc tous les niouvenients, lc rcndcz-vous des homines d’etudc ; et de leur ofFrir, loin de Paris, plus de silence et d’aus-t£re liberte ? Malestroit ful choisi pour etre le Cam-
(1) Ego Trnl ut vltuin hu!*-«nt, rl nbuiitluntiiiB habmnt. Joan. X. !•-
(2) O Tłmotliff, tlrponitum cuModi, drvilun* pro łanu* vocuni novl-tale#, et opposiliontB lulał oomitiit %cicullst. X. Tjnotu. vi. 20.
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bridge ou l’Oxford dc la France reparant les desastres du schismc. A la voix du saint homme, on vit accourir des points les plus ecartes de 1'horizon, lous ceux qui se sentaient presses de remettre en ce pays la grandę science au servicc de la Foi.
* Dieu permit que cettc oeuvrc ne vćctit qu*un petit nombre d’annees, et c’est la seule parmi les siennes qui ne lui survive pas. Or, veut-on counaitre la causc de cette unique lacune.? Nous savons, et nous pouvons dire aujourd’hui, que lui, 1’homme de refTacemcnt personnel, mais dont le genie semblail voir en treni-blant la fln des choses, spirilu magna uidit ultima (1); il voulait rćpondre seul, devant Dieu et devant les hoinmes, de cette Ecole qui ne devait ćtre, et qui ne fut que 1’Ecole dc 1'Eglise. Si Jean de la Mennais en eut ele le seul chef, quclle forcc, meinc satanique. aurait pu roinpre le triple lien de la foi, de la science, et de 1'humilitó ? Helas ! On ne le laissa pas seul ! »
Eh bien ! Pourquoi maintenant, que les pouvoirs publics consentent i rendre la libertó aux ćcoles, que les esprits se tournent l’envi vers Rorne, aiguilles par Tentrainante et victorieuse argumentation d’un Dom Gućranger, la parole ^clatante d’un Lacordaire, et d'un Montalembert, les ćcrits d’onction penetrante d’un Gerbet, la plunie fiere et ardente d’un Louis Yeuillof. ne pas essayer de grouper quelques intelli-gences d'elite, fut-ce dans une solitude eloignće de Bretagne, pour rallumer le flambeau de Malestroit ? Jean de La Mennais saurait encore, et plus puissam-ment peut-etre par sa longue experience, ses epreuves et ses hćro!ques vertus, guider les jeunes ardeurs du clergć franęais et breton dans les voies dc la science...
Et nous voyons M. de Lćseleuc, en 1850, d’cntentc peut-^tre avcc quelques amis du Collage Romain,
(1) Eędl. XLVUi. 27.