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doublec au contact de la sienne. Un soldat ou un inissionnairc nc pouvait inanquer de dire en le voyant : Cet homine-la aura tous les courages. * (I)
D’ailleurs le cercie des nobles amities s’etait ćlargi et desoriuais nous pouvons y ranger les noms de Mgr de Mćrode, de Boelmont, un Belge, 1,’łslc-Adam, un autre Breton.
Cependant, a Kernieur, <» Poullaouen, a Kervasdoue on rcstail sous rinipression d’un inćcompte. On s’ćtait bercć de 1’espoir que le flis absent aurait par-tagć les quatre annees de Ronie par une visite de vacances au pays paternel. Deęu en 1845. on comptait sur les troisi&mes vacances, en 1846, et la niort du premier enfant d’Augu<ftin, vint ravivcr, de part et d’autre, les dćsirs de se voir. Une lettre de Leopold & la jeune mćrc douloureusement ćprouvće porte les Iraces d’un combat intime. La voici :
Home, Collegia dci nabili, 18 Januier 18iG.
II iTy a pas une personne au monde a qui j’ai pcnsć plus qu’& vous, ma bien chere I.ouise, surtout dcpuis quelques semaines, et cependant vous avcz pu croire que je vous oubliais dans votre chagrin ; si cette pensće s’est prescntec a votre esprit, a cause du long silence que j’ai gardć a votre ćgard, j’cspćre quc vous nc 1’aurcz pas laisse y prendre racinc, et que, sans voir bien clairc-ment les motifs de mes retards, vous aurcz cru du moins qu‘il en existait de rćels. Pauvre chire Socur, moi vous oublier quand vous etos dans la tristcsse. quand il a plu a Dieu de vous envover une des plus rudes epreuves que puisse recevoir un cocur de fcmmc ! Oh I non, je me suis toujours senti un attrait de preference pour ceux qui pleurent, et ccrtes, ce c6U dc ma naturę n*a pas changć dcpuis que la consolation des malheureux dc toute cspćce est dcvenue un de mes principaux devoirs. A la
(1) Oraison funcbrt de Mgr Testard du Costfuer, pp. 6-7,
distance ou je suis de vous, une de mes soufTrances les plus vives, celle pcut-etre sur laquellc le temps exercc le moins d’inlluence, c’est d’apprendre si tardWement les YÓtres, et dc ne pouvoir jnmaisdtlnner h propos un de ces tćmoignagcs d‘affection dont je sais que les coeurs altristes ont lant besoin ; c’est tKignorer Iongtemps si yous ćtes dans la joie ou dans la peine, si l’on rit ou si l*on pleure <lans ces deux ou. trois petits coins du.monde ou j’ai laissć une si grandę part de moi-mćme. Aussi, quand je parle de vous a Celui qui seul nous voil tous a la fois, je Jui dis bien -souvent : Mon Dieu. ćclnirez los s’ils sont heureux, montrez leur quc vous etos avec eux si quelque malheur les a visites, dites leur quc vous pcr-mettez que vos serviteurs eprouvent tout ce quc notre pauvre naturę appellc des maux, mais que vous etes tout specialcment au chevct dc ceux qui dćfaillent sous le poids de quclque pesant fardeau. — C’est donc pour vous surtout, ma chere I.ouisc, que je demandais de la force a Dieu. quand je ne savais pas qui de vous en avait le plus besoin. Jc le vois bien. il vou* en a donnć, en proportion du sacrificc qu’il dcmandait a votre pauvre ca-ur <le mero ; les douleurs connnc la vótre ne sont-elles pas les premieres que J. C. a eues k consolcr sur la terre ? Des larmes de m6rcs versees sur les bcrceaux vides, ne sont-elles pas les preralórcs larmes qu’eurent a essuyer Celui qui aima tant les hommes et Celle qui fut sa merc et la nótre a tous. Rappelez-vous, pauvre Soeur, les cris entendus dans Rama. et les pleurs inconsolablcs de Rachel sur ses cnfants qui ne sont plus. Soyez en surę, les paueres n»^res dont les enfants sont devenus des anges, sont encorc les fllles chóries de Celle qui consolc les affigćs, de Celle qui n’ćchappa aux douleurs ordi-naires dc In malernite, coiurae elle avait ćchappe aux souillures de notre origiuc, que pour avoir le cocur tra-Ycrsó d’un glaive dont la blessurc saigna tronte-trois ans. Kile ndoptc plus completcment celles qui souffrent le plus ; elle vous adoptera, ma chćrc I.ouise, et vous bć-nira tle plus en plus dans votrc mari cl dans les enfants quc Dieu vous rendrn. Ia: chef dc votrc familie est au ęiel, il y offrc les larmes de sa mćre, il prie pour elle, ct