La comparaison des degrćs d’ćvolution morphologiąue observes dans ces differentes populations permet, par recoupements successifs - toutes les Iignees n’6tant pas presentes dans toutes les localites de proposer une echelle biochronologiąue de ces differents gisements (fig. 19).
Cette echelle, non-etalonnee, consiste en une succession chronologiquement orientee de niveaux (localites fossiliferes, estimees reprćsenter un instantane temporel dans 1’echelle biochronologiąue) reflćtant la position biochronologiąue relative des gisements - telle qu’elle est indiąuće independamment par les differentes lignćes enregistrćes dans le niveau. Le degró de resolution d’une telle echelle - conęue sur le meme principe que 1’echelle des niveaux-reperes mammaliens du Paleogene europeen (ćchelle MP; Schmidt-Kittler ćdit. 1987, Aguilar et al. edits 1997; v. Sige & Legendre 1997) - depend du seul degre de coherence "inteme" du corps de donnćes traitć, independamment de toutes considerations "extemes" - stratigraphiąue, magnćtostrati-graphiąue, etc. Dans notre cas, la resolution obtenue n’est pas totale: cinq ensembles de gisements sont regroupćs (entre crochets sur la fig. 19) autour des localites principales de Mutigny, Prćmontrć, Saint-Maximin, Bouxwiller et Egerkingen a & (3. Ces regroupements, souvent dus ii la paucitć de 1’ćchantillonnage, illustrent soit 1’impossibilite, compte tenu du materiel disponible, de conclure & i’antórioritć ou a la postćrioritó d’une des localitds sur les autres - cas de non-resolution -, soit & l’existence de contradictions apparentes ąuant a 1’ordre relatif des localites indiąue par diffórentes lignćes - cas de contradiction.
Concernant 1’Eocene inferieur (niveaux-reperes MP 7 a 10), 8 niveaux successifs ont pu etre ainsi distingues de faęon non-ambigue sur la seule base du degre d’ćvolution moiphologiąue des diffćrentes Iignees de rongeurs dćfinies - de fait, la dćfinition de ces niveaux ne tient pas compte des associations fauniąues. Du plus ancien au plus recent, ces niveaux sont: Silveirinha, Fordones-Palette, Dormaal (niveau-repere MP 7), Mutigny, Conde-en-Brie, Avenay (Niveau-repere MP 8-9), Saint-Agnan et Premontre-Grauves (Grauves = niveau-repbre MP 10).
Compte tenu de l’extension chronostratigraphiąue de 1’Ypresien (environ 5,5 m.a.; Berggren et al. 1995), on peut donc estimer, en premiere approximation - et si Ton fait l’hypothese, d’une part que tous les gisements distingues sont bien d’Sge Eocene infćrieur, d’autre part que ces gisements sont repartis de faęon globalement uniforme sur la pćriode considerće -, le degre moyen de resolution temporelle obtenu k environ 700.000 ans. Un degrć dc precision semblable est egalement estimd pour le debut du Miocenc en Europę sud-occidenta!e (Aguilar & Michaux 1987; Escarguel & Aguilar 1997).
Cette methode d’inference biochronologiąue, d’autant plus fiable que le nombre de Iignees phyletiąues confrontees est grand, ne foumit pas - ou rarement - d’indications temporelles quantitatives, et ne peimet donc pas - ou rarement - de caractćriser plus precisement les intervalles de temps - absolus ou relatifs - separant chaąue niveau, chaąue degre de l’ćchelle. Elle reste donc, par essence, qualitative et relative, limitation ne prćjugeant en rien du degre de precision qu’elle peimet d’atteindre dans la caractórisation des differents niveaux.
Une mśthode de ąuantification - i.e. de datation numeriąue - directe d’une telle echelle est celle dćveloppee recemment par Legendre & Bachelet (1993) sous le nom d’
266