assez pour les huit heures d* exercices, a affronter avec tentations du repas, a cacher fierement 1’epuisement de ses forces - a danser, enfin, quand on l’aurait merite.»m Ainsi qu’Amelie, Plectrude admire sa propre force : « Plectrude admirait sa vie: elle se sentait comme 1’heroine uniąue dune lutte contrę lapesanteur. »193 Elle perd l’envie de vivre et tombe k 1’apathie.
Le demier exemple vient de YHygiene de 1’assassin. Le regime alimentaire d’enfance etemelleque Pretextat et Leopoldine suivent avait beaucoup en commun avec ranorexie deja decrite. Le but est le meme: arreter le temps pour ne pas murir et pour rester 1’enfant. Les restrictions anorexiques ne manquent pas de poetique : « Certains aliments sont interdits et d'autres conseilles, en vertu de principes qui me semblent relever de la plus haute fantaisie: vous interdisez les mets juges trop « adultes », tel que le canard a 1’orange, la bisque de homard et les nourritures de couleur noire. En revanche, vous recommandez les champignons non pas veneneux mais reputes impropres a la consommation, tels que les vesses-le-loup, dont vous gavez en saison. Pour vous empecher de dormir, vous vous procurez des boites d’un the kenyan excessivement fort, pour avoir entendu votre grandr mere en dire du mai: vous le preparez noir comme de 1’encre, vous en buvez des doses impressionnantes, identiques a celles que vous administrez a votre
cuisine. »‘94 Les deux enfants sont prets a se nuire, a amortir leur corps afin -qu’ils continuent ź vivre leur bonheur.
Donc nous voyons qu’il y a plusieurs słtuations qui se repetent chez Nothomb. Les personnages nombreux se suicident lentement, ou mieux assassinent leurs corps, par crever de faim afln d’arreter le developpement sexuel, c’est-a-dire de rester dans 1’innocent d’enfance. Ils sont depourvus d’instinct de vie. Les tortures corporelles sont accompagnees par l’apathie etj
192 Nothomb, A.: Robert des noms propres. Paris, Albin Michel 2002, p. 119
193 ibid. p. 132
194 Nothomb, A.: Hygiine de l’assassin. Paris, Albin Michel 1992, p. 123
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