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yeanu, prince du Saint-Empire Eomain-Germaniąue et ancetre d’Anna de Noailles, qui ćtala sa munificence sur un territoire dix fois plus vaste que sa patrie et dśposa en meme temps son argent a la Zecca de Ye-nise et son portrait au monastóre Sainte-Catherine du Mont Sinai, sur la rive de la mer Rouge.

Disparates pour nos actuelles facultśs de comprśhension, de tels ćlśments śtaient intimement lićs les uns aux autres il y a trois si^cles. Une enquete comme la nótre ne saurait les ignorer. Voila pourąuoi la premiere approche du sujet nous impose d^euoąuer les erudits du Levant, sans oublier pour autant, hien sur, VOccident sóducteur, finalement vic~ torieux dans la vaste confrontation dHdóes et d'attitudes qui avait lieu alors.

UNTELLECTUEL DU XVII^e SlfcCLE : UNE DŚFINITION BALKANIQUE

Quel est le sens donnó dans cette ćtude au terme d’ << intellectuel»? Contrairement a 1’acception courante aussi bien qu’a celle sayante des spścialistes, nous pencbons vers deux sens qui nous semblent plus ap-propriśs aux rćalitćs sud-est europóennes : un sens traditionnel et un sens historique local.

Dans un ouvrage rócent, Jacques Le Goff adoptait de son cótś pour ce terme une acception particultóre, yalable pour les intellectuels occidentaux. Cet auteur estime que les intellectuels sont apparus avec la naissance des yilles au XII^e siacie, en meme temps que le dćveloppe-ment des structures ćconomiques et sociales qui dófinissent ces agglomó-rations. L’intellectuel serait «un homme dont le mśtier est d’ścrire ou d’enseigner — et plutót les deux a la fois, un homme qui profession-nellement a une actiyitó de professeur et de savant»⁵. Ces intellectuels ont une attitude nouvelle, moderne par rapport a leur ćpoque et ils aiment se proclamer modernes. Hissćs sur les ćpaules des grands auteurs de l’Antiquitó, ils se sentent & une «hauteur gigantesque » (Bernard de Chartres) et ont le sentiment de voir plus loin que leurs prochains. Leur attitude comporte des ćlśments de progres et d’orgueil. D6s cette 4poque, ils sont mus par l’esprit de l’intellectuel d’aujourd’hui.

Pour le monde savant de l’Europe du Sud-Est cette acception par-ticuliere, qui n’est justifiće que par la sociologie historique de 1’intellec-tuel Occidental, s’avśrerait trop ćtroite et n’expliquerait pas les chan-gements d’attitude et dans la faęon de penser grace auxquels les sociśtćs de cette partie du monde se sont śvadśes du Moyen Age et ont em-pruntć des voies modernes. Si nous nous bornions a considórer comme

⁶ Les intellectuels au Moyen Age, Paris, 1962, p. 10.