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Avec Grćgoire VII nous assistons a un revirenient complet dans 1’attitude du Saint-Sićge vis-i-vis dc Doi. Les Sainłs ne craignent pas ccs coups iVaudace. Voici les fails : Even, Ic restauruleur de 1’ahbaye de Saint-Melaine de Rennes, avait accompagne k Ronie le jeune Guilduin, fils du sire de Coinbourg, le defeu-seur de Pćglise metropolitarne dc Doi. Juthael dćposć, ls clercs et les rhanoines avaient elu cct adolescent pour archcveque. Se sentant trop jeune, ii n’avait quc scizc ans, Guilduin demanda au Papę dc le dćchar-ger de Pepiscopat. Grćgoire accuelllil sa requćtc, °t choisit Even qu’il sacra lui-mciue archevequc <le Doi, en lui conferant le pallium pour lui et pour tous ses succcsseurs aprćs lui. Even ćtait dignc d’occuper cette charge par ses talents, la fermelć de son cara2-tćre et ses moeurs irrćprochables.
Coimnent expliquer le changement d’attitude de Grćgoire VII ? Le droit de la inćtropolc de Tours est clair ; le Papę rćserce hautement ce droit ; on jour, la question pourra ćtre rćsolue par un compromis ou par une aulrc voie. L’Archeveque de Tours ćtait lui-nieinc simoniaque, menacć de suspenso et de dćpo-sition ; en consćquence. son autoritć, canoniquementr ćtait contestable. Lui souincttre rarchcveque de Doi eftt ćtć enlrnver les sages rćformes que celui-ci avait promis d’entreprendre et qu’il ćtait dc taille k mener a bonne fin. v l .
D*autre part, il importait de rchausscr le role du nouvel archevćque de Doi, de lui donner du credit et de 1’intluencc pour qu’il fut en inesurc d’accoinplir les refornies attendues. Le Papę, de sa proprc autoritć,. l’ąvait substituć a Guilduin, 1’ćlu duclergć de Doi. S*il ćtait revenu sans pallium, siuiple ćveque, diminue et dćshonorć, le clergć de Doi, le sire de Combourg. Ie duc Hoel auraient, sans doute, hćsitć k le reccvoir. Enfin, reduire 1’autorite des mćtropolilains au profit
de 1’autoritć des eveques, inais surtout de cellc des legats a etc la tendancc ronstantc de In politique rel5-gieuse de Grćgoire VII.. ' .
A ces nrgumenU d’ordrc morał s*ajoutait dans 1’esprit du Papę une arrićre-pensće d’ordre politique : etablir la Bretagne en inćtropolc afin de lui faire accep-tcr 1’imposition du denier dc Sałnt-Pier^ę, et de Pachc-miner peu & peu au rang dc prineipnute vassale du Saint-Sićge. • '
Cetait la premićre fois qu’un actc pontilical venait sanctionncr l’existence de In inćtropolc de Doi. Quntre ans plus lani. le 8 Mars 1080. sur les rćclaraations dc Tours, le Papę dut restreindre la portće dc sa premiero bulle, en proclumant que Ic pallium ćtait concćdć sim-plement i vie nu titulaire actuel du siege de Doi.
Grace a cc prćeedent, pendant plus d’un sićcle, les archevćques successifs obtiendront sans difficultć le pallium i vie (1).
Mais eetle paisible possession faillit ćtre compro-niise par un lnille dTrbain (I, le Papę des Croisades, en dato de 1091. Kile ordonne i tous les evćques bre-tons, Doi compris. de se soumcttre & la inćtropolc de Tours, et dćcide qu'a l’avenir aucun ćvćque de Doi nV)btiendra pas plus le pallium que le titrc d’arrhe-vćque. Ni l’archeveque de Doi, Holland, ni le duc Fcr-gent, ni les ćveques bretons ne paraissent s’ćmouvoir. I.e duc ni n’intervient, ni ne proteste auprćs du Papo. lis se rencontrerent pourtant a Clermont. I.e duc est 1’un des preinicrs a prendre la croix et it partir pour la Terre Sainte. L’indilTćrence du duc de Bretagne x’explique fort bien qtiund on connait rćpoque et surtout les opinions politiques ainsi quc le role de 1’arche-veque de Doi. II n’est plus 1'homme du duc de Bretagne, mais 1'agcnt le plus aetif du duć de Normandie, Guillaumr Le Conqućrant.
il) H. A. I’orquet, p. 34.
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