LA SOLUTION 149
et du pauvre, les numeroter dans leur ordre de valeur; ce qui nous vaut un magnifique resume de toute la doctrine en quelques propositions breves mais fecondes. Encore faut-il ne pas faire abstraction de ce qui a ete dit quelques articles plus haut (1 et 2) et que supposent ces quelques conclusions schematisees.
L’horizon est ici aussi vaste que l’univers. Toute chose en ce monde a une fin que Dieu lui a assignee, et qu’il a inscrite dans sa naturę meme. C’est donc un ordre etabli, une ordonnance objective. Or, les biens exterieurs, etant inferieurs a 1’homme par leur naturę, sont destines a lui servir pour Tentretien de sa vie; c’est la leur ordonnance naturelle, que Ton designe par Ie terme de naturalis ordo:
Secundum autem naturalem ordinem, ex divina providentia institutum, res inferiores sunt ordinatae ad hoc quod ex his sub-veniatur hominum necessitati.
Cet ordre naturel, c’est en somme la loi naturelle en son sens original; c’est aussi le droit naturel, puisque c’est un ajustement objectif, un equilibre etabli entre une chose et sa fin. Et de fait ces mots sont interchangeables chez saint Thomas *, comme chez les theologiens et les decretistes qui l’ont precede1 2.
Cet ordre objectif nettement determine comme relation (autre-ment il ne pourrait exister) fonde le pouvoir subjectif de l homme d’utiliser les biens materiels, le droit (subjectif) d’utilisation, et par consequent d’occupation et de possession; c’est le domaine participe a son premier stade, la połestas utendi dont parlait l’ar-ticle premier. Mais ici intendent un element important. Ce domaine, s'il sagit des biens exterieurs, est tres analogique et
II suffit de lirę 2a 2ac, 85, 1, et ad 1.
Voir passim dans: Dom Lottin, 0. S. B., Le droii naturel chez saint Thomas &Aguin et ses predecesseurs, p. 97 sq.