d'inselbergs, ces monts chauves qui semblent percer la chape forestiere, insolites (comme le nom rindique) voire imposants comme lc Moni Mitaraca dans lcs legendaires Tumuc Humac. a la trijonctlon Surinam-Brósil-Guyane franęaise, dans rextreme sud-ouest.
A plus fort grossissement. si l*on peut dire, on pourralt multiplier les cas de 1'adaptation des formes de surface aux donnees du sous-sol geologiąue. En fait, la regle de Yinfeodation de toutes les familles dc formes du terrain, a la fois aux nuances dc la lithologie et a la variete des structures profondes et a toutes les echelles. fait de ce typc de relief guyanais le pciradigme de la geoinorphologie des vieux boucliers de la Terre places sous climats chauds et humides. II s’agit de formes cl ćrosion differentielle cm second degre. puisque lalteration differentielle a precćde et continue de moduler 1'cicUon de tous lcs cmtres agents du faęonnement : que ce soient les fluldes en mouvement ou les glissements de terrains detrempes sur lcs pentes structurales, voire la flagellation de la pluie sur les sols qui delavc instantanement les argiles aisćment dispersables et delaisse les sables pour ne les trainer que localement. Ce peuvent etre aussi des actions blologiques : le (cUou qui crcuse son terrier ou la racinc d arbre qui suit et fait eclater la diaclase. voire Ułomnie par ses travaux. notamment ses brulis sur abattis qul. en favorisant les oxydations, ferritissent les sols et, tout en les rendant plus durs, les livrent ccpendant a l erosion par ravinement. en supprimant les vegćtaux qui les retenaient juqu'alors.
II - UNE REGLE YALABLE PARTOUT DANS LE MONDE
Pour illustrer l’extension de la regle partout dans lc monde ou des zones stables, depuis longtemps consolidees en boucliers. existent. quels qu'aient ete les avatars climatiques subis au cours des ages g'eologiques. j’avais utilise dautres d!apositives prises ailleurs : Bresil du nord-est sec ; Cameroun equatorial ; etjusque dans le Grand Nord Canaclieri, pourtant. froid et recemment encore (8 000 a 10 000 ans) englace par un inlandsis.
En 1979. jus te avant de passer par Cayenne, j’avais travaille dans LEtat de Paraiba (“Nordestc" sec słnon aride) et visitć la Borborema. un massif granitique, certes surelevć et casse par des mouvements epcirogćniques asscz recents. Doricntation grossierement mćridienne. il fait ecran entre la faęade atlantique humidc et le sertdo semi-aride a rouesi. Ce dernier montre ses pediplaines jaunatres et leur vegetation xerophyte (cacitinga) autour cfinselbergs de roehe nuc ; exactement ce que j'avais vu quelques annees apres dans le nord de la Republique de Centre AIVique. Le flanc oricntal de la Borborema est forestier [La Malta) et les tranchees routierc.s y decoupent dc profonds profils d'alteration. tres rouges. qul monlrent clairement la structuration polyconvexe des roches-meres. Quanl aux surfaces sommitales. par exeinple autour du jjoint culminant “Pico do Jabre”, certains oni voulu y voir des resl.es de surfaces daplanissement hypothetiques. Ce sont tout simplement lcs traits d*un front de granilisation deeape : puissantes assises profondes en clómes sarbciisses de diametres kilometriqucs ; par-dessus des empilemcnts de structures d’ordre hectoinelrique <i coupe plus ou moins hćmi$pherlque ; par-dessus encore des zon es a boules (dordrc mćtrique) sur un ou deux rangs, pas plus. et qui rnarquent prćcisćmenl la Umilę supćrieure du front de la granilisation. Localement. il subsislait des slrates de gneiss ou d’autres roches cristallophylliennes. temoins du manteau metamorphique qui n’avait pas ćtć totalement erode ; en revanche pas cle tracę d'alleritcs. sauf clans cjuelques cuvettes cle la structure du front.
Plus demonslrativc a ete l'obseivation que j'ai eu la chance extraordinaire. de. faire, en 1970, au Centre-Sud du Cameroun en limitc de la grancie foret meridionale et des savanes de la Sanaga :
A Ebaka, sur la iigne de chemin cle ler entre Yaounde et Ngaoundere, on avail besoin de pierres pour lc ballast de la voie ferree alors en construction. Or. les collincs circumvoisines noffrenl que de la laterite. Des ingenieurs curent l idee de sonder ces collincs convexes. ce cjiii laissail a esperer trouver une rochc dure. L’une cLdles accusa la prescnce de grani te ii moins de 6 m de profoncleur. Or. 1'originalitć de ce chantier dc carriere etait qu'au lieu de creuser m6caniqucmenl. la tunictue cralteration pour decouvrir la roehe, on la deblayalt avec un Jet de monitor gn sormne, une erosion hydricjuc artiliciclle.
Ma chance a ćtć dassister a un moment de 1'općralion et j'ai vu. de mes yeux. apparaitre. sous quelques inćtres de sols latćrlliques incliflercncićs, des slrates tres altćrecs mais reconnaissables cfun restc de manteau tnćtamorphicpie par-dessous ćtail une eouche de boules. slructuralement en place. En-dessous encore des masses liectoinćti iques a structures ronecntriques mais eerasćes selon la vcrticale. separees par des joints ou la roehe etait plus alterćc cl que lc. monitor dćblayait plus vlte laissanl des cuvetl.es. des sillons et menie des arbris-sous-roche. Enfin. lont en-dessous, il est vrai a la faveur dc tirs cle minę. apparalssait le coeur de la roehe profonclc : un granitc d*anatexie. Le drainage des eaux boueuses etanl assurć par les ruisseaux qui. comme en Guyane. eerclalent la collinc. jai clone pu dire quc ycwais uu naitre un inselberg et c’est ce quc jai montre a traveis les diaposilivcs projctćcs.
Cet inselberg. ainsi artificiellemenl et rapiclement dćuoile prćsenlait les memes traits d enscmble et les inemes dćtalls : ecaillcs cle roehe. alvćolcs evldes de leurs alterites, cllaclases en cours cLalleration et mćme boules branlantes preles a rouler sur la moindre surface courbc sous jaccnte.
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