Les biais culturels dans les tests de QI 229
qui coupent 1’ordonnee en des points differents (d’ou le nom donnę a ce biais). La figurę associee au Cas 3 permet de constater que, quel que soit le score X obtenu au test, la prediction qui en rćsultcra (voir les valeurs YA et YB sur fordonnec) defavoriscra autorna-tiquerncnt les meinbres du Groupe A (inferieur au test) : a Ql semblable, ils obtiennent des predictions superieures a 1’autre groupe sur le critere. Repetons qu’il y aurait biais si on utilisait une droite issue de la fusion des deux groupes, car celle-ci ressemblerait davantagc a la droite de regression du groupe majori-taire beaucoup plus nombreux. Dans un tel cas, il y aurait sous-cstimation systematique de la prediction de performance pour tous les membres du Groupe minoritaire A.
Le dernier type de biais potentiel rclie a la y-alidite pragmatique, soit le Cas 4, provient d’un ecart de moyenne entre les deux groupes, proportionnelle-ment plus grand quant au critere, comparativement au test, tel qu’illustre par la position relative des deux petits cercles illustrant ces moyennes. Notons que cette position relative des deux distributions de scorcs ressemble beaucoup a celle des Cas 1 et 2. De nou-veau, les coefficients de validite predictive ne different pas dans les deux groupes, ce que les pentes iden-tiques confirment; cette fois, fecart entre les ordon-nees a Longinę est inverse par rapport au cas prece-dent. En d autres termes, futilisation pour fins de prediction de la droite du groupe majoritaire avantagera cette fois les membres du Groupe minoritaire A, qui se verront predire des scores au critere superieurs a ceux que leur propre droite de prediction leur accorderait.
En resume, dans le cas de biais potentiels de l’or-donnee a 1’origine, les resultats de nombreuses etudes, principalement americaines, aboutissent au meme constat que dans le cas du biais de la pente : les scores de QI ne sous-estiment pas de faęon systema-tique la performance scolaire des differentes minori-tes cthniques. Toutefois, quelques travaux montrent que les tests de QI sont legerement biaises en faveur des Noirs, c’est-a-dire qu’ils surestiment legerement leur succes scolaire (Cas 4). Ainsi, au cours des annees 1960, Cołeman et ses collaborateurs (1966; Coleman, 1972) ont evalue 645 000 cnfants a 1'aide d’un test standardisć de QI verbal et non verbal comprenant des items reputes culturcllement biaisćs contrę les Noirs (par rx., vocabulaire, complements de phrases, analogics). lis ont en outre mesure le niveau de lectu-re, d’ecriture et de mathematiques. Lhypothese du biais culturel du test de QI defavorable aux Noirs vou-drait qu'ils obtiennent de meilleurs resultats aux mesures scolaires que ceux predits par les tests de Ql. Or, Coleman et al. (1966) obtiennent des resultats inverses ; a QI egal, les Noirs de cet echantillon perfor-maient moins bien que les Blancs dans les tests de ren-dement scolaire. Glutting, Oh, Ward et Ward (2000) obtiennent le meme genre dc resultats avec le W1SC III. Ils ont montre, a 1’aide cette fois d’un echantillon de 832 elevcs Noirs et Blancs ages dc 8 a 16 ans pre-sentant des problemes d’apprentissage, que lorsqu’il y a un biais quant a la prediction de la reussite scolaire, il favorise les Noirs.
Des resultats semblables ont ete obtenus avec le Scholastic Aptitude Test (SAT), un test dont les con-tenus le rapprochent plus d une mesure d’aptitudes que d’unc mesure de rendement scolaire. Ainsi, les scores au SAT predisent, tant pour les Noirs que pour les Blancs, les resultats scolaires au college (Jensen, 1980; Manning & Jackson, 1984). Lorsqu’il y a une dif-ference, le score au SAT surestime legerement les notes obtenues par les Noirs. C’est le cas dans 18 des 22 etudes recensćes par Linn (1973). Notons que la pietre qualite des institutions scolaires frequentees par les Noirs a cette epoque pourrait expliquer cette sous-performance. Encore aujourd’hui, Yun et Moreno (2006) font le meme constat en Califomie concemant la qualite des ecoles publiques de niveaux primaire et secondaire frequentees majoritaircment par les Noirs et les Hispanophones.
Biais associes a la validite conceptuelle
Verifier 1’absence de biais culturel au niveau de la validite conceptuelle d’un test, c’est s’assurer que le test mesure bien les memes aptitudes dans tous les groupes. Sous Tappellation de « biais relevant dc la validite conceptuelle >♦, Jensen (1980) couvre un ensemble assez vastc de questions. Tel que mentionne en introduction, celles-ci se subdivisent en deux groupes : a) des questions relatives aux liens entre le test cible et d’autres mesures apparentees ou non apparentees, b) des questions relatives a des caracte-ristiques intemes au test lui-meme. Le premier sous-ensemble inclut de toute evidence les liens entre le test et divers criteres externes (voir validation pragma-tique ci-haut), ce qui fait de la validation pragmatique un sous-enscmblc de la validation conceptuelle, laquelle, ainsi que nous l’avons indique en debut de texte, cnglobe fmalement toutes les formes de valida-tion. Puisque nous avons deja traite de la validite associee a 1’utilisation pragmatique des tests, nous nous attarderons dans cette section au second sous-ensemble. Cinq situations seront examinecs sous 1’angle des biais qu'elles peuvent entrainer dans les comparaisons entre groupes : a) des differences inter-groupes quant a la structure fiKtorielle des tests, b) une possibilite de biais socioculturels provenant du contenu des items, c) une possibilite de biais issus de