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II serait interessant d'etudier le probleme de 1'altćrite dans les romans de Maria Rodziewiczówna qui, pour reprendre Miłosz, divise le monde entre ce qui est sień et ce qui appartient a 1'Autre. La ligne de demarcation n'isole pas le groupe des nobles polonais et celui des paysans de Polesie, ces demiers ressemblent a ces noirs qui sont infantiles ou bien aux bons sauvages que l'on arrivera a assimiler grace k 1’efTort des habitants du manoir (1’idee de la mission civilisatrice est bien nette). L'essence meme de 1'alterite, ce que souligne Miłosz, c'est le Juif.488 La barriere qui separe ce qui est bien connu de 1'etranger est beaucoup plus complexe chez cette femme ecrivain, elle distingue aussi la ville de la campagne; ou nous pourrions y entendre les óchos de la nostalgie de ce qui est primitif car dans ses romans la ville est mauvaise tandis que la campagne est bonne. Elle ne dissimule pas non plus sa mefiance vis-a-vis de tout ce qui vient d^llemagne.489
Nous n'avons que mentionne la problematique de 1'Autre dans la lit-tćrature polonaise portant sur ses anciens confms orientaux qui pourrait etre considerće comme le point de dćpart pour une etude detaillee et exhaustive. Nous avons voulu signaler que la question de 1'alterite semble aussi valable sur un territoire qui n'a rien a voir avec le colonialisme stricto sensu.
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Pour conclure, nous voudrions rappeler ces paroles de Michele Fay
Les paradigmes de la difference, de 1'Autre, du Dehors, ont ainsi consonne entre eux et avec ce qui est deconstruction du logocentrisme Occidental, resurgence indefinie de 1'irreductible dans 1'homogene. lis n'ont pas sature la question qui reste ouverte. Question traversee par la modę peut-etre, bana-lisee a. l'extreme jusqu'a reduire a 1'etat de gadget le fameux “droit a la dif-ference”. II faut donc rester vigilant face aux effets pervers d'une certaine apologie de la diffćrence avec laquelle on batit des reserves et des bantou-stants, stigmatiser 1'inanite d'une pensće de la diffćrence qui ne situerait 1'autre qu'en dehors de soi au lieu de le penser a la fois comme uce-sans-quoi-on-ne-saurait-vivre” et comme interieur a soi-meme, nommer enfin les
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enjeux d'un tel debat en ces temps de racisme protćiforme.
*** C. Miłosz, Szukanie ojczyzny, Znak, 1996, p. 26.
4,9 La problćmatique de 1'image de la Lituanie et de la Bielorussie dans les ouvrages des ćcrivains ćmigrćs choisis (Florian Czamyszewicz, Michał Kryspin Pawlikowski, Maria Czapska, Czesław Miłosz, Józef Mackiewicz) est excellemment analysee par M. Za-dencka, W poszukiwaniu utraconej ojczyzny. Uppsala, 1995.
4** M. Fay, «Paradigme et enjeux d'une rencontre» in Imaginaires de 1'autre, Khatibi et ta memoire litteraire, L'Harmattan, 1987, p. 8.