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Les faveurs de ce genre, que sainte Annę pouvait en-core accorder, n’ajoutaient rien b la valeur probante des premiers.recueils. Etd'on comprend qu’au bout de 'quelques anndes les carmes en soient .arrivós b les accueillir presque avec indiffdrence. Sans doute <« sainte Annę ćtait toujours prodigue des dons qu’elle obtenait de Dieu. Mais, dans les annćes qui prócćdfcrent comme dans celles qui ont sui vi la R6volution, Ton ne crut pas qu’il ftit inćcessaire de dresser des procós verbaux des miracles, quand on en possódait dój i un si grand nombre. ■*> {. 1)
Ces paroles significatives du P. Martin montrentque, pour lui aussi, le miracle avait achev6 son ceuvre; et que tous les prodiges qui se produiraient b la suitę, tćmoignage irrćcusable de la misćricordieuse bontć de sainte Annę, n'aurait aucune nouvelle force apologó-, tique nouvelle pour le culte ćtabli en son honneur.
Lorsqu’en 1864 M. KerdalTrec, b son arrivće comme directeur du Pfclerinage, ouvrit un nouveau registre pour recueillir le rćcit des faveurs obtenues par 1’inter-cession de sainte Annę, i) y avait 150 ans environ que celui des carmes avait ótć cios.
Entre lesdeux sćries il y a une difference notable.
Au xvu* siecle, quand on recevait une ddclaration de miracle, on s’empressait de rćdiger un proc6s-verbal, et l’on constituait une commission pour examiner 1’aftaire.
Aujourd’hui, au contraire, on se contente d’enregis-trer les faits simplement b titre dc rćcit edifiant pour la chronique du Pćlerinage. Ce n’est pas ó dire que le caract&re miraculeux de ces secours paraisse plus dou-teux ; il est possible mfime que la puissance divine s’y
(t) P. Martin, p. 232-3. — L’explicalion justifie-t-elle bien le pro-cćdć ? Lc prćcepte de l’Evangilc, « colligite fragment* ne percant », n'aurait«ii pas ici menie sa raison d śtre ? Les faits, dus A la muni-ficence divine. qui paraissent aujourd hui nćgligcables, n’auront-ils pas dans l'avenir une valour qu'on ne lui trouve pas actuelle-ment ?...
manifestc d’une manierę aussi dclatante (1). Mais, •comme vtfleur documentairef cette nou.veHe collection •est 'loin dłdg«ler la premiAre, parce quUl y manque le tcontróle de l'enquAte juridiqueiet le jugcmcntde l’au-itorite compdtente.
;Si le miracle se fait actuellemontplusrarc :A Sainte-Anne d’Auray, les faveurs spirituelles y sont'toujours aussi frdquentes. La puissance de Dieu *s’y -emploie moins.pout*dtre'qu’au ddbutA gudrir les plaiesdu corps, mais pour gudrir ileś plaies de TAme. elle se montrc plus tlibdrale que jamais. II est uisible mfime, por la persd-vdrance inlassable des foules qui-continuent de v.enir prier en cet endroit, que >la source de ila igrAce n'y -est ni itarie mi diminude.
Mais le couraut qui en jaillit avec abondanee suit une marche trAs varide : parfois il se dissimule comme une riviAre souterraine qui fdconde sans se laisser voir; parfois, dmergeant A la surface, il coulc A pleins bords, et manifestc A tous les rcgards son action bienfaisante ; parfois la grAce se manifeste au dohors par des -trans-formations subites qułelle produit dans la vie du pd-•cheur: c’est un incrddule qui revient A la foi >et A la >pratique roligieuse-, c’.est-.un ivrogne qui se corrige radi-•cnlement-d'une habitude in^eterde; c’est un libertin, qui, aprAs avoir longtemps croupi dans ses ddsordres,
(1) Un trait rncontć por Mtr dc Sćgur,.et dont nous.pouvons:per-'~ sonncllcment attesier PauthenticitA, peint bien lindilTAicnce avec laquelle on accucillc maiotenant les dćclaralions de miracle, seraicnt-ils de premier ordrc. C‘ćtait le 9 juillet 1K76, A Poccasion de la guArison inslantanAc d'un bras gangrenę A la fontaine mira-culeuse : >'Le brigadier de gcndarmerie Atait lA au momontm&le prodige eut lieu. Transportu, cnthousiasmA comme la multitude des pAlcrins, il courut A M. Guillouzo, qui sortalt alors de la basi-lique, organisant une procession, — M. ‘Guillouzo ! s’Acric le bri-gadicr tout emu, M. ‘Guillouzo, un miracle! — Bien,‘bien, mon cher, rApondlc chapelain ; mais taisez>vous, cela va faire manquer la procession I — Mais je Pai vu moi-mAme, J‘Atais lA, rApliqua vivcment le brigadier, je suis prAt A rerbaliser... »