5950747539

5950747539



LBÓ COHtES DE PHMINA

Le Groupe

Elles ćtakr.t cinq jeunes filles. cin.ą amies iusćpamblcs dont les norm chantoient iasóparaolcmeut aussi cr. un n)<?x«ndrin Uans mon esprit:

Luce, Lauie, Mary, Der.ise ct JulietCe.

Je les retrouvais chaque matin dans le jardin do Mrpo lieruard.

Julicttc, sa filie, dtait ma cousine, et nos parcnts. dans_ leur sagesse. avaient tidcidd : on les iliaricra.

Mais Juliette disa.it: nous avons bkn le temps. Et tandisque le temps passait jc connus mienx Luce, Laurę et Mary. Quant A Denisccllc dcmcurait ćnigtnatiąuc.

Luce avait seizc ans, -un minois plein d’in30* lence et de rćverie, un visage gracicux, i la  Gain*burough des youx oCt passaient tour k tour des expressions de moquerie et de. sentiraemalitA.

Laurę et Mary 6taic.it de mćmc taille et se ressemblaient; elles jouaient aux soeurs ju-inelles. Les gens Geniamiaient k l’une • « Est-cc vouś, Madcrnoiselle. qui ćtes la plus jeune r» Et 1’autre rćpoudait: < Nous suinmes ju* meliesł, et elles se sauvaient en ćclatant de rire. Ja.nais personne u’a su lrur Aee.

Denisc, elle, toujours pensivc, ćtait commc la Madonc de ce groupe dont Juliette ćtait le dćtaon turbuient. Brunc avec de grands yeux verts, Denisa avait le ćoux sourire tnystćneux, l’air mćditatif des femmes du Vinci. Ses compagnes 1'appelaicnt en riant: Notre-Damc-des-Mćditations.

Chaquo marin, dans le jardin de Minę Bernard, le groupe des cmq jeunes rillts se retoc-mait, si bron qu’il faisait pour moi partie du Eilcs erraieat, se touant la main, dans use lumićrc niatinale, sous les grands arbres dorćs de solail, ct A travers les pelouses o(J les jet3 d'eau prenaient leur ćlan dans 1’cspace.

Lo jardin s‘adossait a un vaste dćcor de montagnes qui anćtait sa ligne et d‘oil descen-duient les odćurs sauvages vers les panums des fleursquc riiommeacivilisćes. Jxs jcunes fillcs ne ąuictaient point le jardin: elles en ćtaient coninie TAmc quintuple, errantc et fleurie. Et c'ćtait ici et ta, dans les partenes les fleurs inuuobiks, dans les allćes les fleurs alertes et mourantes. Pour elfes le monde n’ćtait qu’un grand jardin desonge od elles prenaient leurs ćbats.

11. Cependant le siIence*pre3quo continU de De-nise mtnguait sos amies, et Luce, la plus rnu-tinc, vcnait souvent vers moi; les mains der-rieie lc dos, elle disait dc son air gavrochc :

— Dcmandez-Iui donc, monsieur Gcorges, le nom de ceiui qu'elle aimeL.

U ćtait trćs difficile d’interroger Denisc. Cest pourtant une łoi de 1’esprit trćs connoc qu'uno certaiue force senrimcutale pousse les pcnsćcs k se transformer en parolcs, et 1’idće dc quOstionner Denisc montait k xnes Jdvrc$et me tourmentait, depuis que Luce l'avait jetće ćtuurdiincnt dans mon cspiit.

Juliette qui devai« ucvcnir ma feuime ne semblait gućre se prćoccupcr de son róle de fiancćc. * Notrc-Dame-des-Meditations * l'in-terrogeait queiquefois sur Gcorges:

— «Ouand vous marie*-vous ? »

— « Nous avons lc tempsl »

Toujours! Et le temps passait, et pour moi lc groupe fiiiissait par foriner dans ma mćmoire comme une seule perłonue complcxe et gra* cicuse qui ayait ses moments de gaitć, ses heu-res de rćveric, des yeax changeants suiyant lo visage des saisons et des journćes...

II passait, le temps que Juliette disait nous appartenir.

Dój i Luce, I>anre et Mary mettaient des robes longues, prenaient des allurcs plus rćser-v6es; elles emportaient avec elles de petits mi-roirs, et elles rougissaicDt pour un rien... Elles

devenaient coąue.ttes ct leur gr^cc, qui ne s at-tćnuaft point, perdait sa naWetć enfanfine.

On en ćtait maintenant aux granćes cor.ver* satinrs. Lłunc aprćs 1’autre elles vena»ent vers moi ou j’aliais vers elles, et quand oq sc quit-tait. chacune disait au reyoir k sa nanićro,avec son timbre de voix dćfini persounel et son par-(icjlicr sourire. J’eir.portais le souvcnir du groupe comme on emporte un bouquet dont la chute d’une seule fleur dćtniirait la iragilc harmonie.

Un jonr.enńii:je puainterroger Dciuse. Je .a vis rougir et il me semhla que so:: sourire se mouillait de larmes.

—    Pourquoi me dcmandcr cela, dń-elle?

—    Votre silence inquićte vos aniics. balbu-riai-je... Si rna quustion u pu vous offenser,par-

nizs CaRAtHNT, JłK TRNAXT LA MAIK, DANS LA DtFFCSL LinfltRC MATtKALB, toit LB3 OUAKUS AKBRK6 Di)V.Ss DY- SOLEIL...

donnez-moi... un peu de 1’ćtourdcric de vo3 compacncs a nassć en inoi sans doutc...

Elle nćsila longtemps. puii:

a De tout uutro que vous, dit-elle, ccttc ąuestion m’ent laissćc indiflfćrente p.

Et il y alt dans son regard une telle expres-siondetendressemuette et retenue qae j'ćprou-vai un troublc ćtrange.

Je ne Taimais pas cepeodant et dlc ne pou-vait ra’aimer.

Un matin brasącement je pris le train pour 1'Italie, sans prćvrnir pei-sonnc, et je vćcus ii Naples deux ans.J'avai3 youlu m’ćclairer, me rendre comptc de ce qui se passait en moi* inćmc, tenter de dćcouvrir quefle ćtait celle des cinq compagnes que je ctvais choisir. Jc passa i ainsi deux annóes sans me rópondie. J*ćtais amoureux du groupe de mćlancolie et de grdcc, — fleur3 vivantes quc jc nc pouvais plus disso* ci er 1'une de 1’autrc ni disjoiedre de ceriaut jardin matinai I...

Depuis elles sc sont mariees... Et Juliette comme les antres, car enfin le tcrnps d’aiincr arrivc... Pourtant si elles ont nu se disperser dans la vio, ct suivT« chacune la routc dc leur destinće difrćrcnte, le groupe est rlemeurć moo prisonnier ; rien ne pomrą plus en dćtruiro le charme. Aux heures dc Iassitude, jc l'óvoque au milieu de son paysage inoubiiable, et, du fond de ma mćmoire, Luce, Laurę et Mary se levent, viennent en souriant, Deni?e aussi sourit en

Eoursuivant son rćvc, et enfin parait Juliette. i dcniićro,... Juliette qui a le temps.

{Inódii.)    KKĆDtRIC SAISSET.

ifto

Le roman du Maia.de

LORSfiU*Avrc cette v^ix sujH*:ńoi«-'Ilemcnt ap.toyće, spiPtnellwncnt AtUmlm- ijuę urennent yolonlicrs ccru:s»cs ut:u* i. »rs-nu^ls iłajler.t <l«s «*crivains. «los nrliMi-s. j>n* ten«ls quclqi«'un, dar.s uj» salon ou a:.l.nrs pm. (tonccr cette petłte phrase : « lit cv jwiuti* \... voiUl ii.en longteir.ps quc nou> navtm« \u .ou lu) quclque choau dc lui;    I.11I    plitd

rienf *i j’ćprouvc instiuctiveinent Iunl ik-i'ir.:'ortuiić X... comn*.* un ser.timcnt l« curiosite sytńi^thiąur; voue d'&ćxr.:ration ou .> li-.- rc pilić. Soudain, je lc vo»S conronnó tOiur .i«irć>ilc noavellc. J attends tout «!e lui.

Eh quo:! Parce qu’t: a ccssć-dr    ' Oni.

Pour cela!

C'cst que lorsąuun hnmnie f.li* imni. tjead) aprćs avo.r gculć au succN, . yreeses qui en dćcoulent, se tait suit.l..iiM;i* loitgs .nois ou dc longues anućes, cl u-U*. iu- jx*uł fctre ou qu’ur artiste en r.ttl de progres. <1** .ki -feerionnemeut aitis:iquć — c*. il lani !e sulucr trćs bas eu raisor. d'un *.cl etfort taeitc! 011 Oien an ma»heureux desofmftiiiau|*lilt <le toni eflort, — et alors, c’ost le-plaindic qa'il fam ...Dursutt dix annóes... dix longues anućos,

• Louis de Robert, 1’auteur i‘Un U>tdre,<lo Yllu,‘trs (Timc Cour!\*uy.t, de lMwxca«, dc Ir. Ht fnrise, du Farlagt du cceur, ces hvrcs si ćinouvai)i*. si sen-siLle*, si tr.inuticuserr.er.t kuinains, dis^arut ilu boulcvarc, des salons, des sallcs de tlieatrc. Ou sr- tecrait-il ?

Les uus lc disaicnl raalade; les a-.trci, retirć dc cette viil«. Et tous a v ale ot raisou.

Oui, la maladie, Ja sournoise, l affrctse mn-ladie Ćtait venue chercher cc jeuue hommc a: vif, si remuant, si ććbordant d'cxpar.sir>r. n.e.anco-liauc, dc gr&cc maUcicuse, ec jcur.c liommc au talent tait d’un« ardente sincćrite. EUc avai*. oesć sur ses Iriles ćpaules, le tomns, tout lc ćeraps qu’il faLait pour lc trarsformer cr. ur homme au regard plus nigu; «. la dćmarclio plus lente, au talent murł.

Mais le votd qui rcvicnt psxmi ncus.

Et, comme don de coiwalesceuco ii nous oflfre jn admirablc livre : L* Roman du Malade, qai sera bientót dans toutes les mains et oontre tous les coBurs.

Ahtlcbcau, lc tendre, le noble \*oluncl Et comme je vondra:s cn lairc gouter ici, dajis ces quclqucs ligr.es, la saveur uniąue, la raro impor-tancc, lc divia accent.

Kćlaa, comment le pouirais-jc?

Commcnt aaalyaer, commcntcr ccs pages au travers <ies<iuellcs pas3c un lei soufHe, un tcl Irćmisscment de vie, dc bor.tć douloureuse; de haute et pourtant 3ś ąuotidiennc humanitól Qu'Andrć Gilbert, to hóroa de cc volumc, sc soit ser.fci A trente ans- atteint d'un mai qul ne pardonno quc dc ce mai il ait notć jour par jojr, heuro par J-.oure, les ravages dans u;i orga-nisme aussi fragile qu utait lc sień, dans une naturc aussi óue... voiIA que dćjA il nons ćmcut singlilierement. Mai* cc quj nous ćmouvra davpjvtage encorc, co sera ccttc lutte eupićn.e qu'iJ devra bvrer contrc 1’amour, próacnt dćcc-vant et crucl qco lui Et la vic avant de 5e retirer de lui... Cottc lutte couronnće.par uno luitoplus belle quc toutes les victoircs... par cc rcpicie-ment quasi ;»ngć!iquo sur soi-mćme; ce renonco-ment... cette rentróc dans la solitudo, loia d'un bonkeur trop inccrtain, proche une mort, hćlasl trijp certair.r. |...

Ce scront tant de scasalions, d’obsorvations, de pensćes, dc songeries semćes, rćpandues,

' jetćes A profusion au cours du rćcit, et la plu-part du temps d'une gćućralitć troublante, a’.mc eterncllo airuplicitć.

Ce sera tout Je livrc, tout un Iivrc Ci»nęu, jailli naturolleiner.t sans un effort v»rs du pittorcśquc od vers i’ai«-.jscment du st>*le; ćcrit* cepenóant sana une dćfaillancc, ct ionnant un tout logiqne et Convaincant...

Un livre dont ic parlum est un enseignement, ou 1‘ime du lecteur communie avec colle du conteur psx-de!A les plus haute# urr.es — et cn passant par les plus doux chemins. Un livre qui se gardera vivaut au fond des cocurs iumineux, dans les consciences... Trćs digne, cn vćrite, dc sc voir apparontć aux plus qualifićs chcis-d oeuvre do notre littćraturc entro Adolphc ct les Coyi;*snons/... Livrc de routo d’un poćtc qai viont dc parcourir la plus gloricuse des ótapo.s, avec pour seules compagnes, la soiitudc et la douleur,

._ F.dmond 54b.

Vo:r page 269 la suitę des Ckrorwjuts de Ftmina.

Diputació de    Biblioteques





Wyszukiwarka

Podobne podstrony:
40 etre aussi devant e conservaient eucore un certain degre de pala-talisation; elles ne devenaient
130 R.A.C.F. 23. 1. 1984 Guide de recherche, Groupe cTHist. des forets franęaises, Paris, C.N.R.S.,
88 89 (15) B. ^ Ecouter Los flches sulvantes portont sur deux pays de 1’Unlon europóenno Elles sonl
Annee 2012Repartition visites Hangar 32 et/ou visites de l lle de Nantes116 groupes (3151 visiteurs
105 Jalousie de la part d’un-e ami-e (n = 5) Cinq commentaires de filles (3 de ąuatrieme annee et 2
- 308 -Archn/es^diocśsairt prćlres qu elles auront recours pour le baptćme de leurs eofants. Elles
32012 Język francuski minut str P 51 Sylvie rencontre une i/ielle amie de sa maman. Elles ne se son
— 320 — arithmetique lies aux operations ordinaires de 1’addition et de la multiplication; elles l o
121 mort, allait & la mort, et il n y avait en lui que de la paix. Guiscart a qui, cinq minutes
Le Groupe de travail, dont les deux sous-groupes ont siege tantót conjointement, tantót separement,
I I I I I II i f De tels graphiąues peuvent aider au choix d une śąuation appropriśe par-mi les
la proportlon des arbres de la categorie i qui sont exploites., tout ceoi pendant l interualle m, r
jour ei cTauire pan du fait de la conjonclion de plusieur s lacteurs dont les effeis peuvent se
9 de la discrimination a l’egard des r des mesures juridiąues efficaces civils visant a protóge
6 Pour un debit residentiel median de 170 litres par personne par jour, il est alors possible d’esti

więcej podobnych podstron