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justice, que ce soit dans le cadre de la procśdure accusatoire ou dans celui de renqu&te, echappent la plupart du temps a la lecture des affaires. Nóanmoins, lorsqu‘il est possible de relier certaines poursuites entre elles, les enjeux peuvent apparaitre plus clairement. Ainsi, le 25 mars 1291, un mari en train de corriger publiquement sa femme se fait Interrompre violemment par un autre homme. Insultś, le mari denonce le bon samaritain pour coups et injures. Apres un bref interrogatoire, aucune accusation n'est retenue.11 Seule, cette affaire ne revele que bien peu de choses sur les personnes impliquśes. Les raisons qui conduisent ce mari a imposer une correction a sa femme seraient demeurees obscures si une autre denonciation, faite trois jours plus tard, n’avait pas ete conservśe au registre. Le 28 mars 1291, Tepoux denonce Tadultere de sa femme. L’amant n’est nul autre que le bon samaritain et, de surcroit, un parent du mari trompe. Dans cette seconde denonciation, il est precise que la chose etait connue de tous par la rumeur publique.ł2 On comprend alors mieux les gestes poses tant par le mari que par 1’amant ce 25 mars 1291, tout comme Ton saisit plus clairement les raisons qui ont pu conduire ce mari a dśnoncer 1'adultóre de son epouse. Vraisemblablement exaspere par la situation, il souhaitait obtenir la satisfaction de voir son rival verser la lourde amende de soixante sous imposee en cas d‘adultere ou subir la peine de substitution, la course nu a travers (a ville;13 ou pire encore, vu Tinceste suggere par le lien de parente evoque.
Certains dólits apparaissent plus frśquemment dans les registres avec rarrivśe du XIVe siecle. Les refus de restitution, presqu’absents des registres du Xllle siecle, font regulierement Cobjet de poursuites au debut du XIVe siecle. De
une reflexion pluridisdplinaire du phenomene de la vengeance, voir R. Verdier, J.-P. Poły et G. Courtois, La vengeance: śtudes d'ethnologie, d’histoire et de phi/osophie, 4 vol., Paris, 1981-1985, en particulier, R. Verdier, “Le systeme vindicatoire‘\ vol. I, p. 11-42. łl56H 954, f. 29, 25-03-1291.
I256H 954, f. 31 v., 28-03-1291. “consanguineus suus gemnanus", “de predictis est publica vox et publica fama in villa Manuasce”.
l3M-Z Isnard, Uvre des privilśges, p. 62. Dans les faits, cette affaire se termine plutot par une composrtion d'un montant de cent sous coronats. Sur ce type de peine, voir chapitre 4, p. 198 et suiv.