Conference de Bruxelles. Ces critiąoes me paraissent devoir elre rangees en deux categories, 1’une relative k celles qui sont inadmissibles, 1’autre comprenant celles quc je considere comme admissibles, parcequ’elles sont fondees en tout ou partie.
Du nombrc des premieres sont particulierement les restrictions que 1’Angleterre, par unc sorte d’idol4trie du sialu quo, a imposees a la libertć de discussion comme condition sine qua non de sa presence a la Conference de Bruxelles, a savoir :
\° L’interdiction de s’occuper de la guerre maritime, comme si les annales des puissances maritimes en genćral et celles de 1’Angleterre en particulier, prćsen-laient les us et coutumcs de la guerre maritime sous un jour tellement favorable que la morale et 1’humanite n’eussent plus rien a y revoir et k y changer;
2° La recommandation, mćme pour la guerre con-tinentale, de s’en tenir strictement aux principes du droit des gens qui la regissaient actuellement, comme si ces principes existaient quelque part; comme si 1'Angleterre pouvait indiquer le codę ou les trouver et les consulter; comme si enfin les us et coutumes de la guerre n’etaient autres generalemenl que la loi du plus fort imposee par le vainqueur au vaincu;
3’ La prohibition d’introduire aucune discussion de principes, systeme qui aboutirait logiquemenl k decla-rer que la politique doit proceder sans principes, n’ayant a en reconnaitre et a en discutcr aucun ;
4° Enfin, comme consequenee logique de la prohibi-bition precedenle, la suppression du preambule du pro-jet du gomernement russe, conlenant quelques princi-pes góneraux dont ses divers articles ćtaient la deduc-tion : comme si une codification ne devait pas proceder par l'cxpose prćliminaire; des principes gćneraux qui servent dc fondements et d’explications aux diverses dispositions qu’elle vient edicter.
Quant aux critiques de la seconde categorie qui sont fondćes en toutou partie, il convient de faire observer, avant de parler dc celles qui mćritent plus particulierement d'etrc mentionnees, qu’ellcs ne s’appuient ge-neralement sur aucune demonstration et n’ont que trop ainsi lc caractere d'assertions. II n’en pouvait guere etre autrement, puisque, par 1’interdiction de remon-ter a aucun principe, 1’Angleterre s’etait condamnee elle-meme a 1’impossibilite d’une dćmonslration.
Je crois en partie fondśe l’observation critique par laquelle la dćpćche anglaise du 20 janvier fait remar-quer qu’^ 1’egard de plusieurs des dóclarations du pro-jet finał de la Conference, 1’accord existe sur la redac-lion plutót que sur le fond des choses, parce qu a 1’aide de mots ótudiós on a laisse une elasticite d’inter-pretations aux opinions diverses dont le vainqueur peut faire un dangereux abus.
Je partage entierement, et depuis longtemps, l’opi-nion exprimee par 1’Angleterre, que le systeme prussien du service militaire universel et obligatoire, dont le bc-soin de samegarder l equilibre europeen impose 1’imi-tation aux nations voisincs, comme une calamite a la-quelle elles ne peuvent se soustraire, est une prepara-tion permanente a la guerre. Je reconnais qu’au grand prejudice du developpement normal dc 1’industrie, des Sciences, des letlres, des arts, il vient militariser la paix