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Nousallonsvoir commentla conceptionde 1’arbitrage International, dans le cours de deus. sifecles et demi qu'elle a traversćs depuis Henri IV, est devenue du nombre des idees qui s’avouent et des choses qui se font.
V
L’IDEE DE L’aRB1TRAGE INTERNATIONAL DANS GROTIUS,
KANT ET BENTHAM.
Lorsque le grand pensionnaire Barneveld vint en France comme ambassadeur de la Hollande, en 1598, il avait dans le personnel de son ambassade un jeune horame de quinze ans, dont la prćcoce et remarqua-ble intelligence attira singulibrement lattention de Henri IV (1). Ce jeune homrae ćtait Grotius.
Pendant son sćjour en France son activitd intellec-tuelle, qui etait a la recherche de toutes les idćes les plus avancees du teraps, ne put rester indiffćrente k celles que Sully nominait le grand dessein du roy. 11 s’en inspira plus tard lorsąue dans son ouvrage sur le Droit de la guerre et de la paix, il invita les puis-sances chrćtiennesa se reunir dans les cas de conflits iniernationaus, afln de provoquer l'intervention paci-Aque « de cellesd’entre elles qui nauraient pas d'in-
(1) « Presente a la cour de Henri IV, il avait rnerite par son esprit et par sa conduite lesćloges du Bćarnais [Le Droit de la guerre et de la ?aix. traduction de M. Pradier Fodćrć, page xxii de CEuai historigue.) Grotius arait esprime dans une piece de vers, ecrite avec enthousiasme, 1'impression qu’avait produite surlui cette prćsentation.
€ teret dans 1 affaire et qui prendraient des mesures « pour forcer les parties k recevoir la paix k des con-« ditions eąuitables(l). »
C*ótait dans le pays meme ou U avait puisś cette idće humanitaire que le philosophe hollandais publiait son cćlebre ouvrage; car la premiero ćdition du Droit de la guerre et de lapaix parut śiParis en 1624. Ce fut k Louis XIII qu'il en flt la dedicace datće de 1625 (2).
Pour juger les honimes qui ont ćtó les promoteurs des idees civilisatrices, il faut toujours s’enqućrir du milieu dans lequel ils ont vdcu. C*est en France que Grotiuspassa une grandę partie de savie. Apres yavoir accompagnó Barneveld dans son arabassade, il s’y refugia plus tard, en 1621, lorsque l’ingśnieux ddvoue-ment de sa fernme le flt óvader, dans une caisse de Uvres, de la prison ou l’avaitjetó lestathouder Maurice. Louis XIII ajouta une pension de 3,000 francs a 1’asile que lui offr&it la France. Lorsque proscrit de nouveau, apies lamortdu stathouder Maurice, la reine Christine de Suede youlut utiliser son grand savoir, il revint en 1635 comme son ambassadeur en France, et il y rósida pendant le cours des dix annees que durason ambassade.
Ce n’est donc pas dans le silence du cabinet, k la suitę des śtudes abstraites ei solitaires d'une philo-sophie purement speculative, que Grotius fut conduit ■k s inspirer de 1’idee de Henri IV, car son esistence fut
(!) De jurę belli et pacis, u, 23, c. 8
(2 Ii loue surtoui ce roi du sumom de jusie. « Vous ćles jusie,
« dii-il, lorsque vous hoaorez, en riinitaat, la m4moire du roi voire * póre, quiful grand par-dessus loul ce qui peul ćlreainsiqualifie. »
2.