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L'espace africam conciłie Les verites extremes de la condition humaine : la vie et la mort. Le passage d'un extreme a 1'autre s'effectue doucement sans masques ni mensonge; Amyntas revele le motif principal des voyages gidiens en Afrique du Nord lesquels outre Tapaisement des sens apportent «la paix pour Tamę.))306
Chaque element spatial est une occasion pour l'ecrivain de contem-pler la beaute et 1'alterite de tout ce qu'il rencontre sur sa route; il est donc un observateur perspicace, vigilant et sensible au moindre changement de couleur du paysage, au comportement des animaux, toujours avec la per-spective de comparer ses impressions avec celles des voyages precedents qui lui avaient fait decouvrrr 1'alterite :
Vous souvient-il qu'ś notre precedent voyage, a cette heure et a eet endroit, sur le mur effondre de la mosquee, un tout petit hibou miaulait, que ne derangea pas notre approche, mais qui, serieux, nous regarda le regarder.307
Nous avons dćja signale les principałes composantes de 1'espace afri-cain de Gide qui l'ont particulierement fascine a savoir : le desert, 1'oasis, le jardin, l'eau, la florę et la faunę. Cette listę ne serait pas complete si Ton n'y ajoutait pas le soleil dont le champ lexical est surtout riche, d'ou l'im-portance des mots: la chaleur, la lumiere :
Le soleil, derri&re le mont, restait cache. Et, d6s que j'eus doublć le mont, la chaleur, avec le soleil, devint si forte que je ne songeai plus qu'a revenir. [...] Un chaos de roches. - Qu'elles sont belles sous le soleil!308
La revelation de 1'altćrite africaine n'est pas pourtant compldte car Gide recherche aussi le cóte mystćrieux et mystique de l'univers nord-afri-cain, comme si lui aussi etait seduit par le voile arabe dont parle Alain Buisine; 1’impossibilite d'aller jusqu'au coeur de 1'altćritć se revele plus qu'attrayante, d'ou le motif de la porte :
Mais ce que je vis de plus beau ce soir-la [...] ce fut, par cette porte ouverte et que franchit d'un bond mon dćsir, un jardin noir, ćtroit, profond (et ou mon dćsir se promene) que je vois a peine, ou le tronc d'un cyprds que je vois plonge dans l'eau que je soupęonne - et plus loin, eclaire de revers, lumi-neux, closant un seuil mysterieux, un rideau blanc.300
M J. Chadoume, Andre Gide et l'AJrique. op. cit., p. 91. M1 A. Gide, Amyntas, op. cit., pp. 72-73. m Ibid., pp. 112-113.
Ibid., p. 140.