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Commission politiąue, avant cTaccepter toute formę de nćgociation, les moudjahidine qui combattent activement ćtablissent une condition sine qua non: le depart d’Afghanistan de toute presence ćtrangćre⁴¹⁴. Le Canada, en exigeant rabandon (unilatćral) de la violence comme prealable aux nćgociations, demontre une profonde mćconnaissance du contexte politiąue. Cette position ignore les bases de la culture des Pachtounes dont est issue leur opposition. Cette culture comprend une identite tribale a multiples niveaux. Celle-ci permet cTintegrer, en meme temps, un conflit arme (avec une familie, un village, un elan, une tribu, une ethnie ou une culture ćtrangćre kaffir) et une alliance contrę un referent identitaire plus large et englobant⁴¹⁵. Dans ces conditions, la conclusion d’accords pouvant mettre fin au conflit est tres improbable.

Si «la FIAS [et] TONU en Afghanistan, ont afTirmć qu’il etait essentiel d’etre en position de force pour entreprendre un processus de nćgociation⁴¹⁶», cette position de force s’ćloigne avec le temps⁴¹⁷. Cette position prćalable aux nćgociations existait peut-ćtre a Bonn en decembre 2001, mais les perdants de la guerre n’ont jamais etć invites a cette table. Depuis cette confćrence, 1’occupation ćtrangćre doit alors etre considerće comme un nouveau conflit dont le debut peut etre marąuć par Tassassinat d’un representant de la Croix-Rouge en

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mars 2003 . La datę ferme de retrait fixee pour 2014 alimente la perception de victoire des moudjahidines et renforce leur determination a poursuivre leur combat: « U.S. policy on

⁴¹⁴    Stephen Mangan et Hamid Shalizi, Reuters Canada, Taliban deny report that they are ready for peace talks (10 septembre 2012), en ligne, http://ca.reuters.com/article/topNews/idCABRE8890S920120910?pageNumbcr=2&virtualBrandChannel=0 &sp=tme. page consultće le 25 septembre 2012.

⁴¹⁵    Les differents niveaux identitaires permettent la cohabitation de vendettas larvćes et d’alliances temporaires. lis permettent une differenciation multiple aliant du local au regional sans jugement sur leur valeur. Le concept de « nationalisme » comme il est pensć en Occident ne fait sens en Afghanistan que pour une petite elite urbaine minoritaire. Le terme pachtoune de ąawm rcprćsente 1’affiliation tribale et ses origines patrilineaires. II structurc une organisation sociale qui pennet a la paix et la guerre de cocxistcr au m6me iastant entre deux individus. Pour plus amples dćtails, voir Simon Leduc, op cii. p. 6-43.

⁴¹⁴ Andreane Giguere, op cit. p. 4-5.

⁴¹⁷    Une sćrie de b6vues amćricaines affaiblit chaquc annće cette position de force: massacres dc prisonniers par un allie ouzbek, scandales associćs aux prisons et plusieurs soulćvements populaircs suitę k des humiliations culturelles. Sur les scandales associćs a Guantanamo, Bagram et aux prisons secretes de la CIA, voir Alex Gibney, Taxi to the Dark Side, Documcntaire DVD, Production Discovcry Channcl, Jigsaw Productions, Tali Woods, Wider Film Projects et X-Ray Productions, 2007, 106 min. La population afghanc a manifestć son indignation apres quc des americains ont brule des exemplaires du Coran, urine sur des cadavrcs afghans, collectć des pićces de vaincus comme trophćes ou apriis la diffusion du film Innocence of Muslims. Ces bćvues s’ajoutent aux massacres dc civils par des rćactions d’autodefense excessives, des bombardements par erreur ou des raids noctumes. A cette longue listę, ajoutons ćgalemcnt 1’utilisation de milices pour securiser les villages « nettoyćs » par la COIN. Ces miliccs de YAfghan Local Police (ALP) et des Village Stability Operations (VSO) responsables de violations systematiques des droits de la personne. Cette tactique a ete utilisee de maniere dćastreuse par 1’armće franęaise lors dc la guerre d’AIgćrie. Les per^eurs de cette guerre inspirent aujourd’hui la reflexion americaine (et canadienne) sur la guerre contre-insurrcctionnclle. Voir Humań Rights Watch, "Just Don 7 Cali It a Militia " Impunity, Militias, and the "Afghan Local Police ”, New-York, 2011, HOp.

⁴¹⁸    Antonio Giustozzi, Talatbek Masadykov et James Michael Page, op cit. p. 2.