Un petit village dont la rue principale etait encore pavee a la maniere d’autrefois. Les mai-sons qui la bordaient, pour la plupart des fermes, laissaient une impression de calme et de solidite. II faisait un beau soleil. Un vieux, assis sur les marches du « Cafe-Tabac », a suivi d’un mouve-ment de tete le passage de notre automobile.
Mon oncle Alex regrettait d’avoir perdu une nuit dans cette auberge. Nous aurions du voyager d’une seule traite. Le rendez-vous avec le notaire avait ete fixe vers onze heures et cet homme s’impatientait. Non? Tu ne crois pas? Nous avons debouche sur la place juste au moment de la sortie de la messe et nous nous sommes efforces de faire bonne contenance dans notre grosse automobile, tandis que la masse des fideles s’ecoulait des deux cótes de la DS 19 en nous devisageant. Oncle Alex baissait la tete. Et tout a coup, un projectile s’ecrase contrę le pare-brise, qui n’est plus en son centre qu’une poussiere de verre dont les grains tiennent par miracle.
— Un enfant qui s’amuse avec son lance-pierres, ai-je dit a 1’oncle Alex.
— Tu crois vraiment que c’est un enfant?
Nous avons attendu qu’il n’y ait plus personne
sur la place pour sortir. Oncle Alex a ferme a cle les portes de 1’auto. II me serrait le bras, ce qui n’etait pas dans son habitude et trahissait chez lui un trouble profond. Nous n’avons pas mis beau-coup de temps a trouver la rue Bunau-Varilla ou nous attendait, au numero 8, le notaire. Un
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