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Je finissais par croire que nous etions en vacances, lui et moi, comme deux vieux amis. Le temps etait radieux et en ce mois de juin, il n’y avait pas encore de touristes. Nous dtnions sur la terrasse de Phótel, lace a la baie. Rollner me racontait son passage dans la R.A.F. pendant la guerre, l’evenement le plus important de sa vie. II s’etait engage parce qu*il voulait se prouver a lui-meme et aux autres « qu’on pouvait etre juif et etre un as de l’aviation ». Ce qu’il avait ete.

J’achevai en quinze jours V « adaptation » de Capitaine des Mers du Sud. J’avoue avoir bacie les dernieres trente pages. Lorsque Rollner me demanda de lui lirę mon texte, je ressentis une vive apprehension. N’ayant jamais effectue ce genre de travail, je craignais surtout que le « decoupage » auquel je m*etais livre ne lui plut pas. (En fait, j’avais scrupuleusement suivi l’or-dre du livre, paragraphe apres paragraphe.) A mesure que je lisais, 1’attention de Rollner se relachait. II pensait a autre chose. Quand j’eus termine, il me felicita. « Tres vivant et tres bien foutu », me dit-il d’une voix affectueuse. Puis apres un instant de reflexion :

—    Vous ne pourriez pas rajouter une phrase, quelque part dans les dialogues ?

—    Mais bien sur, lui dis-je avec empresse-ment.

—    Voila... A un moment le type dirait :

« Figurez-vous qu’on peut etre juif et etre un as de Payiation, monsieur... »