— 136 —
froide ; lcs vitraux en ćtant tous brisćs. C’esl sftre-mcnt une grace particulićrc qui soutient In sanie de ces respectables persćcutćs. L’abbć dc la Riic, rccteur dc Sainl-Houardon, paralytique depuis plus dc 15 ans. est tres bicn : il n*a pas du tout changć, il a un»-chambre h fcu enlre liii, Ic prieur dc Sainl-Thomas et le rccteur dc Saint-Vougay. I/abbć Masson cst senl dans sa cellule.
Mnie dc Taradc, femnic d’un capitainc dc yaisscau d’autrcfois, et agće de plus de 50 ans, est enfcrmće au chateau dc Hrest pour avoir procure quelqucs secours en argent 5 un M. dc Bouillć que lcs patriutes ticnnent au bagne, a la chalnc : clle ne peut voir per-sonnc, on ne liii passe ii manger que par un guichet ; et elle est ohligćc de sc tenir tout Ic jour sur son lit. n*ayant pas d’espace dans sa prison. Que de cruautćs ! L’abbć Cesson est ii PhApitnl.
Suincdi 16 Ntwembre 1793. — Le departement n fait incner ii l.andcrneau, aux Frsulincs, pour £tro trunsfćres ii Carhais, beaucoup de personnes de Daou-las et des environs, entre autres M. et Minc de Rosccrf; M. ct Mnie Bagnols ct lcurs enfants ; M. et Mmc dc Kerjcan ct lcurs enfants ; M. ct Mmc Le Forestier ; MM. de Boulainvillicrst dc Courscrac, dc Reals, an-ciens chefs d’escadre, qui sont inflrmes, surtout M. de Reals qui ne peut marchcr sans l’appui d’un bras. Elisc de Reals, sa filie. Pa accompagnć 6 Landerneau oft tous ces respectables prisonniers furent conduits en charrette ii 7 heures du soir, dans une saison si rude. Elisc, jeune personne dc 22 ans, jolic, spirituelle, bicn faite et d’une sante delicate, fit Ic voyage de Bred et sollicita aupres de toutes les autorites pour qu*on lui rendtt son pere, ou pour que du iiioins, vu 1’ćtat d’impotence ou il ćtait, on bornAt son arrestation au _ sćjour de Landerneau, vu qu’il nc pourrait soutenir un plus long voyage. Les coinmissaires du pouvoir
exćcutif qui sont ix Landerneau, ont beaucoup Iou4 ses justes sollicitations .pour son pere, et surtout scs channes. II liii a fallu supportcr avee douccur toutes ces fadcurs. Kile a sr bicn parlć qu’elle a reęu de grandes promesses, ct qu’elle espere rćussir dans celto alTairc.
Jeudi 2 Januier 1794. — Helas ! une nouveMe croix ct plus scnsible quc In perto des bicns et de la libcrlć vient de nous accabłcr : Jósćphine, notre soeur, est morte inardi il y a eu huit jours, la veille de Noel> a 3 beures de I’apr£s-midi.
Au mois d*Aout dernier, elle fut trois semaines sans connaissance aucune. Nous cńmcs la consolation de pouvoir Iui faire administrer le sacrcment d’extremc-onction par un prćtre dont je ne sais pas le nom, niais qui n’a point fait le scrinent.
Vendredi 14. — A cinq hcure* du soir. on a annoncć a manian la nation. CYtaient dcux couimissaires et un gendarme qui, d’aprćs le decret, venaient de Les-neven pour faire l’inventaire de tous les meubles et iimneubles, hardes, elTets, appartenant a maman, les-quels objets seront vendus ainsi que lcs rcntes, si manian ne prouve pas qu’clle s’est opposee activement a lYmigration de mes freres. lis s'uppellent Castaignet, Saucourt, et le gendarme, Louis Gcntilhomme !! lis sont trfcs honnótes dans I’exercice de lcurs fonctions. lis ne conunencirent l'inventaire quc samedi matin, en prćsencc du maire et d’un ofTicier muniripal, et flnircnt le diinnnche nu soir. Lundi matin, ils parti-rent, paraissant fort satisfaits de notre conduitc A leur egard, et nous tres satisfaites aussi dc lcurs pro-cćdós. Castaignet et le gendarnie surtout nous ont plu par leurs manićres ct 1’intćrćt qu’ils ont paru prendrc a notre position.
23 Mars. — U y a & Brcst, au Chatcau, plus dc dcux mille prisonniers, et dans lcs maisons d*ariYt des