a des doctrines anciennes en la morcelant en fragments plus ou moins isoles, ne rend pas la comprehension beaucoup plus diffi-cile qu’une analyse directe se contentant de noter au passage que telle ou telle idee loin d’etre nouvelle avait deja ete formulee par Marx ou par Lenine«.106
Pour Goldmann, il s’agit au contraire:
- de redefinir les changements structuraux du capitalisme.
- d’etablir en quoi ces transformations modifient les perspectives de 1’action socialiste. Le fait nouveau le plus important par rap-port a 1’analyse marxiste traditionnelle, c’est, pour Goldmann, 1’inter-vention massive de 1’etat capitaliste dans la vie economique qui per-met de supprimer ou du moins de modifier la contradiction entre le developpement des forces productives et rexiguite du marche de la consommation.
Enfin, la classe ouvriere a evolue differemment par rapport aux previsions de Marx: la tendance a la pauperisation a ete remplacee par une lente mais reelle augmentation du niveau de vie. Parallele-ment la lutte syndicale a remplace la lutte revolutionnaire, et tous ces faits modifient profondement les perspectives de construction du socialisme. La lutte pour le socialisme doit devenir essentiellement: une lutte »pour la conscience de la population en generał et de la classe ouvriere en particulier«. Ce qui est radicalement nouveau c’est que les adversaires du socialisme n’ont meme plus besoin de lui op-poser une autre ideologie: 1’absence d’ideologie est le garant du statu quo. Goldmann fait sienne la plupart des analyses que les theoriciens de YEcole de Francfort et en particulier Herbert Marcuse ont consacre a 1’integration du movement ouvrier au systeme capitaliste. II ne s’agit plus de lutter pour le socialisme, en partant de la pauvrete et de la misere mais de l’appauvrissement progressif humain et culturel, de 1’imbecilite agressive et heureuse qui caracterise le style de vie capitaliste:
»C’est dire a quel point cette lutte est aujourd’hui autrement difficile qu’elle ne 1’etait auparavant. Car les dangers de »la-vage de cerveau« et d’integration a un monde de plus en plus inhumain et reifie menacent non seulement la population dans son ensemble, mais encore les cadres memes des organisations syndicales et des organismes politiques de la classe ouvri£re. La bureaucratisation n’est rien d’autre que la formę concrete de ce danger dans ces milieux«.107
Aussi la lutte pour le socialisme devient-elle fondamentalement une lutte culturelle. C’est la que Goldmann rend a 1’imagination tout son pouvoir: il s’agit avant tout d’etablir un plan d’organisation socialiste qui soit ressentie par les hommes qui en prendront conscience comme une possibilite effective de lutte et non comme un reve ou une utopie demagogique. La plus grandę difficulte dans 1’elaboration d’un teł
108 M. S. P. 316.
107 M. S. p. 320.
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