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prunt et de cródit1. II convient de retenir, d’ailleurs, que l’une des princi-pałes activitićs de succes qui a distingue la Grćcite post-byzantine etait le commerce.
D’autres sources (et ce n’est pas simple hasard s’il s’agit de sources hagiographiques) soułignent rincompatibilitć des modes de vie byzantin et latin dans le territoire naguere byzantin, mais occupe par les Occidentaux. Decede vers le milieu du XIVe siecle, le moine-ermite Sava le Jeune a entre-pris un grand pćriple, qui le mena au Chypre, en Syrie et Palestine, dans la pćninsule de Sinai, ainsi que dans les ileś de Crete et d’Eubće; il aborda en Grece continentale et dans l'ile de Tćnćdos, avant d’aboutir a Constanti-nople. Au cours de ce long voyage, notre personnage, reprósentant un modę de vie et une direction spirituelle qui se prćtendaient de caractere vśntable-ment byzantin, ćtait entrć plusieurs fois en conflit avec «le monde latin * de l’ile de Chypre, englobant notables et dignitaires laiques, ainsi que porte-parole de l'ordre monastique 2. La meme complete absence d’adherence au monde Occidental se manifestera k 1’occasion de sa visite k Athenes, la citć « merveilleuse de sagesse* de jadis. II n’y trouva rien de ce qui lui avait assure par le passe sa grandę rćnommće. Tout au contraire, il se trouva en mesure de constater que tout etait devenu «barbare dans le parler et les moeurs *, remplaęant le prestige et la plćiade des sages de jadis, ce qui le dćtermina a quitter rapidement les lieux et poursuivre son itinśraire vers Patras (Neopatrai) et le reste de 1’Hellade3.
A l’extinction de la dynastie des Anges en Epire (1318), au moment ou plusieurs citćs de la region rentrerent sous 1'administration byzantine, l’em-pereur Andronic II a accorde a la ville de Iannina, entre autres privildges, celui de maintenir la monnaie occidentale de valeur supśrieure k celle byzantine, depreciće4. Ce n’etait pas le fait du hasard si lun des plus importants dioceses byzantins ćtait au XIV® siecle Monembasia, grand port et riche centre marchand 5. La situation florissante des regions soumises au pouvoir ou seulement influencees par les facteuts economiques et marchands de l’Oc-cident contrastuit de faęon frappante avec la pauvretć de la socićtć byzantine, pauvrete generalisee aussi bien k 1’ćchelon etatique qu’a 1’echelon eccle-siastique 6.
Toutefois, les diffćrences de civilisation, de sensibilite esthetique, de vie spirituelle, sćparant le monde byzantin du monde Occidental, n'excluaient guere les infiltrations, notamment d’ordre matćriel, dont le premier se lais-sait pćnćtrer par le second. En effet, la fluidite du corps social byzantin loin de la rendre impermeable aux influences etrangeres, les favorisait. S’etant
N. Oikonomides, Hommes d'affaires grecs et latins d Constantinople (XIIIe — XVe siicles), Montrśal-Paris 1979, pp. 57—6 et 81 — 83.
* D. Tsatnes, Philotheou tou Kokkinou Hagiologiha Erga, I (Thesalonikeis Hagioi), Tbessaloniąue 1985, pp. 198—199 et 206 — 209.
* II s’agit de la Nouvelle Patras et non de 1'Ancienne du Pćloponnśse, vers laąuelle se dirigeait Sava. L’ćpisode se situe dans le temps sur la fin du rógne d’Andronic II (1282— 1328). Athśnes subissait alors la domination catalane.
F. Miklosich — Jos. Mflller, Acta et diplomata graeca medii ani (= MM), III, Vjenne,
1871, p. 11.
MM I, Vienne 1860, p. 126— 129; Les Regestes des Actes du Patriarcat de Constantinople, fasc. V, par J. Darrouzśs, A. A., Paris 1977, no 2119, p. 90; N. Oikonomides, op. cit., p. 88.
* MM II, Vienne 1862, p. 61 — 62 (document du mois de mai 1384) = Les Regestes... du Patriarcat..., fasc. VI, Paris 1979, no 2769, p. 77.