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Les problemes qui individualisent les livres scolaires sont d’un cóte, 1'apport des Slaves a la structure ethniąue et linguistiąue des Roumains, de l’autre cóte, l'affectivite exageree pour les Daces, a cause de la perte des batailles engagees contrę les Romains, ce qui renvoie a l'idee que les Romains ont conquis les Daces. Ces demiers, par leur statut de victimes etaient conside-res le ferment de la formation du peuple roumain, soit parce qu’ils ont eu une humble condition (ce qui plaisait a l'epoque stalinienne), soit parce qu'ils etaient les heritiers des anciens Thraces, les plus lointains des ancetres des Roumains (la periode de quóte des precurseurs).
Revenons aux Slaves. Pendant l’entre-deux-guerres, les manuels scolaires 28 ne trouvaient pas necessaire de parler de l’apport slave a la formation du peuple roumain, car on estimait que le processus avait deja pris fin vers Pan 600, quand les Slaves penetrent au bas Danube. A partir du 1948, quand en Roumanie apparalt le premier livre scolaire unigue d’histoire, l'op-tique est nettement changee. (Nous rappelons, c’etait la periode stalinienne). On ne pouvait parler de la constitution du peuple roumain qu'apres rarrivśe des Slaves sur les territoires des Daces. La langue roumaine avait le meme destin. Un accent fort etait mis sur la composition sociale de ceux qui restent sur place apres 271/75, quand 1'empereur Aurelian decide de quittei la province Dacie a cause des assauts barbares. Ces gens donc, tres pauvres, ont vu dans les barbares conquerants leurs liberateurs 29. Dans les annees soixante-dix et quatre-vingt, ce probleme est resolu par l'exclusion totale des Slaves de ce processus. Seulement les tres braves Daces et les Romains « maitres du monde » etaient les acteurs admis a cette representation. (C’est le cas d’une serie des livres scolaires d'Histoire de la patrie pour la quatrieme classe, parus chaque annees entre 1967/89). Ensuite, les autres faisaient 1’apologie du peuple roumain qui « restant ici et luttant contrę tous les enne-mis, il n’a pas sauve uniquement son identite, mais aussi 1’Europe » 30. L'ima-ge de cette lutte ininterrompue etait un reflet de la conception de l'histoire que le Programme du Parti Communiste Roumain avait postulśe. Cette image allait de pair avec celles de l'unite nationale et de la lutte pour l’inde-pendance, en rappelant aussi des anciennes narrations historiques pour les enfants ecrites par A.D. Xenopol ou A.T. Laurian, dans la seconde moitie du 19e siecle.
b. I/UNITĆ
L’idee est presente dans les livres scolaires de l’entre-deux-guerres notamment a propos des realites politiques: la premiere unification politi-que des Pays Roumains sous Michel le Brave (1600) ou la constitution de l’Etat national roumain (les evenementes de 1918)31. Apres 1948, l'unite devenait le ferment de la solidarite de classe. On a construit ainsi l’image d'un peuple toujours exclu, marginal qui a subi les malheurs d'une classe venale, identifiee, selon le schema marxiste, soit avec 1’aristo-
28 par exemple les raanuels de Toma Cocięiu, publićs k Blaj en 1923 et 1926
29 Istoria fi geografia Romdniei (L'Histoire et la gćographie de la Roumanie), manuel uuiąue pour la ąuatri^me classe, Bucureęti, Ed. de Stat, 1948, p. 22
30 voir par exemple la sćrie des manuels pour la ąuatrióme (Histoire de la patrie) de 1967/89
31 Toma Cocięiu, Istoria romdnilor (Histoire des Roumains), Blaj, 1922/23, pp. 37/46 et pp. 52/56