LIGIA LIYADA
Les principales sources de notre ćtude sont les livres scolaires d’histoire <ies Roumains pour les ecoles primaires durant la seconde moitić du XIX° sićcle. Parmi les auteurs de ces manuels nous avons choisi Y.A. Urechia, A.D. Xenopol et Gr. Tocilescu (tous les trois professeurs d’Universitć, soit & Buca-rest, soit & Jassy), August Treboniu Laurian (remarąuable classiciste, person-nellement responsable de 1'organisation administrative de l’enseignement public en Roumanie), M.C. Florenfiu, B.B. Secareanu (instituteurs). Ainsi les ćditions de ces livres s’espacent sur une ąuarantaine d’annćes 1859—1896. Gertaines ont dii ćtre frśąuemment utilises a l’ćpoque, parce qu’ils connais-sen.t une dizaine d'ćditions: Urechia (9 ćditions) Xenopol (10 editions), Tocilescu (10 ćditions), Secareanu (11 ćditions), Treboniu-Laurian (11 ćditions), Floren^iu (23 editions).
II faut commencer par les taches attribućes a 1'ćducation historique pour arriver a comprendre l’image de soi des Roumains et leur image del’Au-tre, ce qui nous amenera i l'image du Grec, plus prćcisćment du Grec phana-riote. Xous allons aussi evoquer, brićvement bien sur, les dćbats de 1’historio-graphie savante sur ce sujet et leur influence sur les livres scolaires.
L'education historique, en tant qu'ćducation patriotique, produit ct rćpand bien des idees, des clichćs mćme, susceptibles toujours d’acqućrir des connotations nationalistes, ethno-centristes et xćnophobes. Construire l'identitć propre signifie necessairement se dćlimiter de tous lesautres. L'image de soi et l'image de l'autre vont toujours de pair. Cela est d’autant plus vrai pour les Roumains qui n'ćtaient pas et n'avaient jamais ćtć tres nombreux ni tres puissants; donc leur presence dans 1’histoire universelle ćtait un peu effacće. La decouverte d’un passć glorieux devient la garantie d’un avenir sęmblable. Meme Xenopol qui se distingue de la plupart des autres auteurs par ses vues raisonables et parfois originales nous avertit: « L’histoire nationale est trćs importante pour nous, les Roumains, parce qu’elle nous donnę la connaissance de notre peuple, de ce qu’il pourra dans l’avenir »l. Instructive et patriotique, 1’histoire est chargee de rendre aux Roumains une place hono-rable parmi les nations europćennes. Tant de fois negliges, tant de fois humi-lićs par leurs puissants yoisins (les Hongrois, les AUemands, les Polonais,
1 A. D. Xenopol, Isloria Romdniłor penlru clasele primart de ambele sexe, II* ćd.,. xlucarest, 1879, p. 9
Hev. Etudes Sud-Est Europ., XXXIII, 1 — 2, p. 23—30, Bucarest, 1995