7 Manuels poar Tinstruction de Louis XIV 79
chiąue — qu’il presente dans les premiers chapitres du livre, La Mothe le Vayer prćfere, comme il śtait naturel, la monarchie, parce qu'elle est la meil-leure, la plus ancienne et, argument pćremptoire pour son choix, la formę par laquelle Dieu gouverne l’Univers. Dailleurs, les souverains ne sont que les representants de la Divinite sur la terre, dont ils imitent l'image par des at-tributs comme la science, la gćnerosite et le pouvoii.
Avoir de la science suprpose qu’un monarque doit apprendre son mś-tier de roi, tout comme un artisan apprend le sień. Par sa science de gouverner il devient un exemple pour ses sujets, car il accomplira toujours ses devoirs avec adresse; en plus, il ćvitera le mćpris qu'eveille 1'ignorance. L’auteur n’esquisse pas un vrai programme d'etude en ce sens. La formule reste vague: le monarque peut apprendre tout ce qui s’avere utile pour son activitć poli-tique, mais aussi tout ce qui revele de ses capacites intellectuelles. Et pour-tant la philosophie jouit d'vne mention spćciale car, par son intermćcÓaire, la raison dśvient le guide de ses actions, realisant de la sorte l'ćquilibre intć-rieur absolument nćcessaire pour preserver l’equilibre extórieur.
Mais dans 1’instruction d’un monarque c’est la moderation qui doit pre-valoir, car 1'histoire nous a offert de nombreux exemples de rois ayant perdu leur tróne parce qu'ils prćferaient la mćditation aux affaires publiques.
La genćrositć, le second attribut politique du roi, lui assure une bonne ićputation, l‘amour et le respect de ses sujets.
Certes, la sevśritć ne doit etre exclue, mais elle ne sera utilisee que dans les cas de stricte nćcessitć, de sorte que tout le monde soit convaincu qre la clćmence est le vrai penchant du roi. Faire le bien sans attendre de la recon-naissance et sans discrimination aucune est l’un de premiers commandements pour un roi. L’exercise de cette vertu lui vaille le titre de pbre du peuple.
Le troisteme attribut politique du monarque est le pouvoir. II est absolu parce qu'il ne dćpend que de Dieu et de son 6pee. II a pourtant quelques li-mites: en premier lieu les commandements du Createur et du droit naturel qui reclament de donner k chacun ce que lui revient.
II y a aussi d'autres questions que 1’auteur se pose en ce qui conceme les limit es du pouvoir du roi, k savoir: doit-il respecter le droit civil? La re-ponse des juristes est nćgative et pourtant — remarque 1’auteur — on exige des souverains le respect des constitutions qu'ils ont eux-memes crećes. En tant que representant de Dieu sur la terre, qui tient toujours ses promesses, le roi doit aussi respecter les traitćs conclus avec les ćtrangers ou avec ses propres sujets. D'autres limites seront imposees au pouvoir royal par la ra-Mon et la vertu.
Dans cette discussion 1'auteur ne pouvait pas ćluder un aspect impor-tant: les relations entre le souverain et ses sujets. Le monarque n’est pas du tout obligó de justifier ses actions, mais, en sa qualitć de plre du peuple, il doit defendre la vie et la fortunę de ses sujets en echange de leur dśvouement. A leur tour, les sujets n'ont pas le droit de se rebeller contrę le souverain. Les rebellions sont acceptćes par 1'auteur seulement en tant que punition de la Divinitć contrę 1’injustice.
II y a dans ces pages une apologie de la monarchie absolue, illustrśe par des idees soutenues, peu de temps aprćs, avec plus de fermetć, par Bos-suet. On remarque pourtant une approche timide de la discussion autour des limites du pouvoir du roi, que 1’auteur realise, pour le moment, k l’aide d’in-