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Ces idees sont loin de constituer un siraple amalgame de deux religions. Eli es montrent plutót que certains penseurs chinois tentent d*etablir des liens entre la religion etrangere et la doctrine orthodoxe du pays. Ces liens sont extremement importants dans Timplantation du christianisme en Chine : dans un contexte de paix, ils auront seuls permis a la religion catholiąue d'etre acceptee puis de s*enraciner dans la culture Iocale. Ce phenomene s'apparente a celui de la sinisation du bouddhisme : cette religion d’origine etrangere, une fois introduite en Chine, s'etait conjuguee, grace aux efforts des moines chinois, d’abord a la doctrine taolste en lui empruntant plusieurs notions, ensuite avec le confucianisme, et particulierement avec son principe du xiao (piete filiale)63. Finalement, Ie bouddhisme avait reussi a prendre radne dans le territoire chinois et a devenir une religion nationale. Les efforts d'erudits tels que Xu Guangqi sont de meme naturę que les demarches des moines bouddhistes ; ils prouvent que le christianisme pourrait egalement s'implanter en Chine. Cependant, la naturę trop exclusive du christianisme freine ce processus.
Parailelement aux efforts du Xu Guangqi, un autre phenomene syncretique apparait parmi 1’elite et le peuple : celui de sijiao heyi, qui signifie «les quatre doctrines sont en harmonie ». Nous avons vu que V harmonie et la synthese font partie integrante de la culture chinoise et que les trois grandes doctrines, le confiidanisme, le bouddhisme et le taoisme, sont considerees par les Chinois comme un seul systeme ideologique harmonise qui origine
du meme desir de trouver la yoie64 (sanjiao heyi: « les trois doctrines n’en font qu,une »).
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A mesure que le christianisme se propage et se combine a la culture Iocale, des Chinois de divers niveaux manifestem leur acceptation, au moins partielle, de cette nouvelle religion et la placent au meme rang que les trois doctrines (sijao heyi). Le pere Niccoló Longobardo (1565-1655) rapporte en ces termes les explications du lettre converti Yang Tiangyun : « [...] le Dr Michę [Yang] parle en bonne part dans ses Traites de ces trois Sectes [trois doctrines chinoises], tachant de prouver qu,elles ont eu pour fin dłetablir un prindpe de l’univers; qu’en cela elles conviennent a notre sainte Loi et sont essentiellement la meme
63 SUN Changwu. Zhongguo fojiao wenhua rushuo (Discours sur la culture bouddhiąue de la Chine), Tianjin. Nankai daxue chubanshe. 1990, p. 61-69 ; CAO Qi et PENG Yao, Shijie 1991, p. 10-50
64 LI Zhi, Chutanji. 1974, 11, p. 143-144 ; GERNET, « Zailun [.„1 », 1998, p. 295-296, 300-301.