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Iroquoiens, par exemple, chaąue individu possede un esprit personnel protecteur qu'il doit acąuerir habituellement au moyen dejeunes pendant la jeunesse35. Les relations des jesuites rapportent ainsi Tacąuisition d*un genie tutelaire : quand un enfant parvient a 1’age de dix ou douze ans, son pere le prend a part et lui donnę les Instruments necessaires pour trouver celui « qui sera desormais son Dieu ». D doit d’abord jeuner pendant plusieurs jours: la privation suscitera des visions de ce qui deviendra un esprit, un gardien ulterieur36. Les tribus ou nations ont des divinites principales (ainsi « Teharonhiawagon », chez les Iroquois, et « louskeha » chez les Hurons37). Chez tous les autochtones, la regle d’echange, plus specifiquement celle du don et du contre-don, prevaut dans les rapports entre les hommes et les etres sumaturels. Pour conclure une alliance avec ces demiers et pour obtenir Ieur faveur, les autochtones doivent pratiquer plusieurs rites religieux: prieres, offrandes, sacrifices, festins et jeunes, notamment lorsqu’ils font la chasse, la guerre ou lorsqu'ils veuient guerir les malades. Les jesuites remarquent qu’ils « les [les esprits tutelaires] invoquent, quand ils vont a la chasse, a la pesche, en guerre, ou en voyage, ils Ieur font des sacrifices, avec des ceremonies qui ne sont propres qu*a des Sacrificateurs »38. Toutes ces activites permettent aux humains de placer les esprits en position debitrice a 1’egard des hommes39.
Cette regle preside aussi aux relations entre les humains et le monde animal. Les hommes tuent les animaux, mais ils respectent certaines conditions selons Iesquelles les proies se laissent capturer. Les jesuites s’ćtonnent du fait que les Amerindiens conservent avec un grand soin les os des castors et des porcs-epics, et ne les «jettent point aux chiens »40. Cette pratique contribue a maintenir les rapports d’equilibre entre les humains et les animaux tues. Selon la conception amerindienne, si les humains ne respectaient pas cette interdiction, les ames des animaux tues seraient offensees, et les autres animaux refuseraient
35 THWAiTES. The Je suit Relations [...]. 1959, vol. 23, 1642, p. 154 {Relation de VEMONT).
36 Ibid, vol. 10, 1636, p. 206 {Relation de BREBEUF). Selon HULTKRANTZ, habituellement, il s’agit ici d'un garęon et non d’une filie. Ake HULTKRANTZ, Religions des Indiens d Ameńąue. Des chasseurs des Piaines aux cultivateurs du Desert, Paris, Le Mail, 1993 (1987), p. 50.
37 J. N. B. HEWITT. «Teharonhiawagon», dans Frcderic Webb HODGE (ed.), Handbook of American Indians Sorth of\Iexico, Reimpr., New York, Pageant, 1960, voI. 2, p. 719.
38 Relations des jesuites. 1972, vol. 6, 1667, p. 11 {Relation de LE MERCIER).
39 DELAGE. « La religion (...) »., 1991. p. 57.
40 THWAITES. The Jesuit Relations [...]. 1959, vol. 6, 1634, p. 210-212,218 {Relation de LE JEUNE).