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ou par 1'imaginaire collectif fortement prononcć a un moment donnę, parce qu'alimente de stereotypes vehicules par toutes sortes de recits ou bien par 1'imagerie coloniale. L'image de 1'Autre resulte donc de plusieurs agents parfois disparates et d'origines differenciees qui, aboutissent a la production d'un texte au centre duquel, ou quclquefois a sa peripherie, se trouve l'Autre.
L'epoque qui a produit les textes que nous avons analyses embrasse une bonne cinquantaine d’annees, periode au cours de Iaquelle on observe un revirement de la politique coloniale franęaise qui passe des attaques violentes de Clemenceau contrę la politique coloniale de Jules Ferry a la creation d'un parti colonial ou plutót d'un groupe colonial qui est fonde a la Chambre des deputes en 1892 avec Eugene Etienne comme president, ensuite, a la naissance d'une puissante association: L'Union coloniale franęaise en 1893 qui se retrouve dans la fondation, en 1897, d'une Ligue coloniale de la jeunesse dont la devise sera : «Education, Propagandę, Assistance» :
la Ligue beneficia du patronage des ministres des Colonies, du Commerce et de 1'Instruction publique; elle distribua elle aussi des bourses de voyage et organisa des series de conferences dans les lycees et dans les colleges, grou-pant autour d'elle, notamment parmi les professeurs d'histoire et de geogra-phie, un reseau relativement actif de sympathisants.-412
Girardet souligne aussi le role du milieu intellectuel franęais qui entretient la passion de la decouverte et de la connaissance, de meme que la misę en valeur du globe; dans ce groupe d'intellectuels se trouveront voyageurs, universitaires, geographes, economistes;413 ils vont persuader l'opinion pub!ique, et de bons rósultats commerciaux Outre-Mer n'y seront pas pour rien, que la politique coloniale est un choix juste parce qu'elle apporte non seulement des profits bien concrets (surtout commerciaux), mais aussi elle assouvit le besoin de connaitre un monde inconnu; de cette faęon la politique rejoint le social et le culturel. Ceux qui s'occupent de la propagation des idees coloniales trouveront evidemment un fort appui de la part du gouvemement. Outre la politique soutenue par des intellectuels qui consisle en la propagandę de 1'idee de l'expansion coloniale, il faut mentionner le role dc la presse quotidienne et des ouvrages de toutes sortes : recits de voyagc, monographies, livres de vulgarisation sur les nouvelles terres d'Outrc-Mer et surtout de nombreux romans d'aventures, avec Jules Yerne au premier plan comme auteur le plus lu et ayant une
4,2 R. Girardet, L'Idee coloniale en /-'rance, op. cit., p. 118. 4U Ibid.