atteinte. Dans cette lutte a propos du theatre il s’etait conforme complete-ment au jugement severe de 1’auteur des Maximes et Reflexions sur la Comedie. Mais ce qui avait ete a 1’origine le sujet de la discussion fut relegue a 1’arriere-plan, et dans une longue serie d’articles on dressa de part et d’autre le bilan pour et contrę Bossuet. Sur un ton paternel son defenseur donna une reprimande au jeune ecrivain, qui, dans sa temerite naive, avait ose profaner le lit de mort d’un homme en qui s’etaient resu-mees toutes les grandeurs de 1’esprit franęais, avec le moindre melange de defauts. Non pas que van Deyssel eut atteint 1’aigle de Meaux. Car celui-ci, planant dans les airs, les ailes toutes grandes etendues, n’avait pas meme senti vibrer Tair au croassement de ce petit hibou qui se croyait un faucon. Mais on ne saurait admettre de telles polissonneries. Voila pourquoi Schaepman menace son adversaire de lui donner une bonne raclee, comme un pere avec son enfant, s'il le reprenait a faire le petit chien aupres du piedestał sur lequel la posterite a place Bossuet. Malheureusement il n’avait pu se retenir, au cours de ce long plaidoyer image, de donner plusieurs coups de griffe a Moliere qui n’etait pour lui que le valet de chambre genial qui avait epouse la filie de sa propre maitresse 5G0). Ainsi des deux cótes I’on ne voyait pas d’autre alternative que de trainer Tun des auteurs illustres dans la boue pour rehausser la gloire de 1’autre. Ne sachant garder la mesure, les polemistes depasserent tous les deux leur but, et la discussion ne marque qu’un moment fata! dans Thistoire de la litterature catholique en Hollande. Une seule leęon s’en degage pour nous: une telle discussion nous fait prendre conscience, mieux qu’aucun autre symptóme, que desor-mais Bossuet occupe simplement sa place dans la galerie des auteurs clas-siques a cóte de Moliere et de tant d’autres, et qu’il n’est plus invulnerable. II inspire toujours du respect, mais plus les temps avancent, moins on sentira de sympathie pour Teveque de Meaux. II n’en est pas ainsi pour 1’acteur brillant qui provoque la pitie avec le sourire, et a qui on pardonnera plus volontiers ses defauts qu’au severe orateur, fussent-ils beaucoup plus graves.
LA NOSTALGIE DE UAUTORIT6.
„La lccturc de la plupart des ecrits de Bossuet nous est gatee par un parti-pris dc Pecriyain qui n’a jamais su ce qu’etait le doutc et la librę rcchcrchc du vrai. 11 est en tout Thomme de la tradition qui craint que la critique ne dćrangc les materiaux dc son eloquencc sacree” 5r>1).
Ces quelques lignes sont caracteristiques de Tattitude prise envers Bossuet par les coryphees du protestantisme liberał, dont la voix suave lemportait,
5G0) Cf. Onzc Wachtcr, 1882, I p. 20 sq., p. 271 sq., p. 286 sq., et p. 345 sq.
561) Dr. Allard Pierson, Morceaux choisis de la litterature franęaise, t. 1, P- 23^-
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