catholiques dans cette lutte. Apres avoir embrasse ouvertement la religion catholiąue, Tami et le disciple de Grotius a fait passer quelque chose de la richesse debordante de son ame dans un hymne sur le sacrifice de rEucharistie, ou il s'est prosterne avec un cri d^llegresse devant la Sainte Hostie, „le soleil de sa vie” 10°). Deux annees auparavant la France avait ete effrayee par le debat tumultueux qui eclata a propos du livre De la freąuente Communion du grand Arnauld, et qui pouvait faire croire a la ruinę du catholicisme au profit des protestants 101).
Ce sont la deux livres extremement rapproches Tun de Tautre par le temps, mais infiniment eloignes par Tesprit qui les anime, nes aux poles contraires du catholicisme morał, sous des climats religieux foncierement differents. En France Tecole de Saint-Cyran eut de nombreux disciples. Sa doctrine du renouvellement interieur, misę en pratique par un nombre elu d’ames ferventes, alluma de renthousiasme dans bien des coeurs. Loin de prendre le contre-pied du calvinisme, on allait rivaliser de rigorisme avec les protestants les plus rigoureux. Au moment ou Bossuet introduisit sa voix dans la lutte contrę les protestants, la Contre-Reforme s’etait retrecie en un debat theologique, se coupant ainsi de ses sources les plus vives. Apres Tapparition de son Histoire des Variations il en prit la direc-tion incontestee.
Tout en portant Tempreinte du temps ou ils ont vecu, Vondel et Bossuet ont contribue largement a en former 1’esprit. Afin de pouvoir juger equi-tablement de la condamnation severe portee par Teveque de Meaux contrę run des amis les plus intimes du poete, il faut, de toute necessite, les confronter. Alors seulement on pourra mesurer la distance enorme qui dans le domaine spirituel separe ces deux periodes, et qui a pris les proportions d'un abime infranchissable.
Nous ferons abstraction des differences d’ordre politique et national qui opposent Vondel, republicain ardent et admirateur de Guillaume le Taciturne 102), a Bossuet, partisan fervent de la royaute, pour qui le prince d’Orange est toujours reste Theretique qui avait renverse le pouvoir de la maison catholique d’Habsbourg103). Cette opposition exterieure se resout dans la croyance commune que toute autorite est d'origine divine, et que celui qui minę le pouvoir de TEtat s'insurge contrę 1’ordre voulu par Dieu.
Sur le plan religieux Topposition est plus radicale et plus essentielle. Le prelat et le poete y ont de commun leur enthousiasme pour la religion, leur naturę combative qui les a animes tous les deux dJun esprit de croise.
10°) Altaergeheimenissen, 1645.
101) A. de Meyer, Les premier es controverses jansenistes en France, p. 148.
102) Ger. Brom, o.c., p. 4, 414, 440-446.
103) Defense de l*Histoire des Variations, 2; Cinąuieme Avertissement, chap. 25, CEuvres complktes, t. VII, p. 401, 371.
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