avant (Taller entreprendre un voyage pastorał56). Le poete Camphuizen, lui-aussi victime de la persecution, avait vraiment raison de s’ecrier que ce monde, qui pourrait etre un paradis, a plutót Tair d’un enfer. La vie dans cet enfer parait etre impossible a Descartes, qui quitte provisoirement les Pays-Bas, ou il croit etre tombe de Tintolerance catholique dans 1’into-lerance protestante 57). La reaction ne se fait pas attendre. La naturę et la raison humaines, tellement meconnues dans le systeme caWiniste, ne tar-dent pas a revendiquer leurs droits. Une nouvelle phase va commencer pour le protestantisme. II se trouve a la croisee des chemins: va-t-il suivre la raison seule, elever demesurement la naturę humaine, tant humiliee par le calvinisme, et aboutir au socinianisme ? Ou s’engagera-t-il dans le chemin conduisant au catholicisme, qui, en incorporant la naturę humaine dans Tordre divin, Televe infiniment plus haut, sans en faire cependant une idole? Cest un moment decisif, qui a incite un poete inconnu a comparer les partis protestants aux eaux de la Mer Rouge, que Dieu a separees pour faire passer son peuple elu vers la terre promise58).
Cest dans ces circonstances que vecut Grotius. II reęut son education religieuse du pasteur arminien Uitenboogaert, et, optant instinctivement pour le mouvement le plus humain et le plus national, il prit des Tabord le parti des remontrants. Les problemes theologiques le fascinerent pendant toute sa vie, et il y consacra la meilleure partie de son activite. Son point de depart ne fut pas trop mauvais, puisqu’un grand theologien a ose nommer catholique la doctrine des premiers remontrants59). Ce n’est pas ici le lieu de retracer toute Tevolution de ses idees religieuses 60). On doit
56) J. van Vlotcn, Paschier de Fijne, p. 64, p. 87.
57) G. Cohen, Ecrivains franęais en Hollande, p. 390.
°8) „Godt die de roo zee heeft ghescheyden
Waer hij zijn volck heeft door doen gaen Die schcyd’u om soo te bcreijden Tot 't Rooms gheloof ecn open baen Hij heeft cen zee in twee doen schcurcn Doen hij dat wonder tcecken dedJ Dit heeft m’in u oock sień ghebeuren Doen Armijn tegen Gommaert stred7’
Cf. Dr. M. Sabbe, Brabant in ’ł Yerweer, p. 63.
59) J. A. Móhler, Symbolik oder Darstellung der dogmatischen Gegensatze der Katholiken und Protestanten, p. 627 sq.
60) C. Broere, dans l’ouvragc citć, a tracę cette evolution. II voit dans la vic dc Grotius partout la main de la Providcnce, qui 1’aurait mene au catholicisme : Comme les autres remontrants, il n^n etait pas beaucoup eloigne; il a tourne autour de rEglisc-Mćre jusqu’au moment ou il fut confronte avec le papę et la papautć, dans laquelle on peut voir „tout le catholicismc,, (cf. Brunetiere, dans Revue des deux Mondes, 76c annec, 5e periode, 33e tome, p. 231); c’est alors qu’il comprit le systeme dans toute sa connexion; dans la longuc polemique avec Rivet, qui suiyit alors, il se rapprocha de plus en plus de la religion catholique jusqu’a en admettre toute la doctrine. Cette thesc a donnę lieu a un grand nombre d’ecrits pour et contrę, dont le demier est celui du docteur rcmontrant A. H. Haentjens, Hugo de Groot ais
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