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jette dans le feu eternel. Le Dieu de Calvin est un Dieu incendiaire, un tyran pire que Neron, un crocodile qui devore les nouveaux-nes, un hypocrite qui accueille poliment les Trois Mages pour rougir les rues du sang des enfants, un Moloch qui nourrit ses petits de feu. Calvin change la Foi en desespoir¹⁰⁷).

Le poete glorifie le librę arbitre dont le Dieu infiniment bon a dote rhomme. Aussi, quand YAugustinus parait, flaire-t-il immediatement le danger. Lui, a qui 1 epouvantable Calvin a montre le chemin de Romę, ne sera pas dupę d’un autre Calvin, le poursuivant a Romę meme¹⁰⁸). Dans ce coreligionnaire sombre il retrouve son ancien ennemi. L’eveque d’Ypres accentue avec trop d’aprete la depravation de la naturę humaine. Vondel a confiance en elle. II 1’aime avec chaleur et passion. 11 ne tient pas de Tartuffe couvrant d’un mouchoir le sein d’une jeune filie, avant de lui parler. Enthousiaste de Rubens, il medite devant une tete de mort la fragilite et la brievete de la vie, mais il chante aussi la beaute feminine, rayonnement de la beaute divine¹⁰⁰). Le mariage n’est pas a ses yeux un mai necessaire, un remede contrę les passions les plus maudites. Les rap-ports conjugaux n’evoquent pas en lui 1’idee de „souillures nocturnes” qui hante 1’esprit des jansenistes. II ose en parler franchement, d’autant plus qu’il les sait eleves dans 1’ordre sumaturel par la benediction sacramentale que TEglise leur donnę. Les deux etres humains, unis comme le Christ et Son Eglise, peuvent glorifier leur Seigneur pour la part qu’Il leur laisse prendre a sa puissance creatrice.

Bossuet, lui-aussi, a considere la lutte contrę les protestants comme sa mission providentielle. Mais pour l’eveque, demeurant dans „la France toute catholique” sous Louis XIV, elle n’a jamais ete une necessite de vie ou de mort, comme pour les catholiques hollandais du temps de Grotius et de Vondel, contraints tous les jours de faire face aux dangers les mena-ęant de toutes parts. Pour lui elle n'etait au fond qu’un ensemble de ques-tions dogmatiques. II a assume sa tache au lendemain de la Paix de Clement IX, a un moment ou le debat theologique, echoue dans une multi-tude inextricable de problemes, demandait a etre renouvele. II a accompli ce travail de simplification comme frere d'armes des jansenistes, qui, en France, en ont pris Tinitiative. Les messieurs de Port-Royal y etaient tout designes parce qu’ils se rapprochaient le plus des calvinistes par leur „mysticisme epure, ennemi acharne de la superstition”, leur puritanisme morał, et leur sentiment tres fier de la liberte et des droits de la conscience

¹⁰⁷)    Decrełum horribile, Gruwel der verwoestinge, 1631, CEuvres completes, t. III, p. 346-352.

¹⁰⁸)    Ger. Brom, o.c., p. 329.

¹⁰⁹)    A. v. Duinkerken, DichUrs der Contrareformatie, p. 64, 74-76 (cf. la devise pour le poćme sur Isabelle Benzi: Gratior et pulchro veniens in corpore virtus).

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