une porte grandę ouverte 274): ils ne sen sont pas moins opposes a cette doctrine avec acharnement. Ils se trouvaient ainsi agir de concert avec le papę contrę Louis XIV, et soutenir la repugnance du premier a octroyer au roi une independance absolue dans le domaine temporel, et surtout a le laisser empieter sur le domaine religieux. Ils ont joue par contrę le jeu du roi en s'emparant du principe des Eglises nationales, implique dans 1’episcopalisme, pour couvrir leur opposition a Tinfaillible autorite du papę en matiere de doctrine et a sa juridiction absolue. Ils n’etaient que trop heureux d’entendre proclamer la subordination des souverains pontifes a 1’ensemble de TEglise. Ils brandissaient sans relache „les canons, faits par rEsprit de Dieu, et consacres par le respect generał” 275), et que la puis-sance apostolique doit observer quand elle veut s’ingerer dans la discipline ecclesiastique des Eglises nationales. Ici encore ils restaient loin en arriere de rćvolution des choses, qu’ils ont acceleree eux-memes par leur attitude. En face des doctrinaires protestants et de ces querelleurs jansenistes, les theologiens catholiques s’etaient serres de plus en plus pres autour du papę2™). Implicitement on professait deja le dogme qui serait proclame
en 1870.
Cest seulement pour conjurer le danger de schisme que Bossuet, en 1682, a cede aux instances du roi, et qu’il a donnę une formule officielle a ce point de vue perime 277). II ne Ta fait qu’apres beaucoup d’efforts pour s’y soustraire, et il est bien probable que ses demiers scrupules furent vaincus par le desir de faire sauter une arme puissante des mains des heretiques, qui n’omettaient rien pour presenter la puissance du papę comme insupportable aux rois et aux peuples. II est devenu ainsi malgre lui le dernier paladin de cette cause perdue. Par ce biais surtout les jansenistes ont tache de le tirer dans leur camp. La terre sombrait sous leurs pieds. Son autorite etait le brin de paille auquel ils se cramponnaient.
Or vers 1720 1’Eglise d’Utrecht etait devenue le point de ralliement pour tous les ennemis du Saint-Siege. Un nombre toujours grandissant de jansenistes franęais y trouvaient refuge pour quelque temps ou pour toujours. L'un deux, Dominique Marie Varlet, a consacre en 1724 Cornelius Steen-oven, le premier archeveque schismatique d^trecht. L’annee suivante celui-ci reęut a bras ouverts deux colonies entieres de moines fugitifs, vingt-six chartreux de Paris, qui s’etablirent a Schoonauwen, et quinze orvalistes, qui s^nstallerent a Rijnwijck 278). Parmi tous les refugies il y
274) V. Martin, o.c., p. 290. Les esprits y etaient murs des 1626, et il a ete proclame pour la premiere fois en 1663.
275) Declaration de 1682, art. III.
276) V. Martin, o.c., p. 269.
277) Ib., p. 304 sq.
278) Ce sont les noms de deux maisons de campagne qui se trouvaient entre Utrecht et Zeist.
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