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dans rhumanitć, ne dfit-il etre jamais atteint, ce n*en serait pas moins une obligation sacrće de la poursui-vre... Si la paix perpćtuelle est un idćal trop śleve pour que rhumanitć puisse Tatteindre, cela ne nous dispense pas d’y croire et de travailler en vue de ce but sublime. Cet idóal nieme irrćalisable a droit a notre respect et s'impose a notre conduite. »
Ainsi pensait et devait penser le philosophe de la raison pure, et l’on ne saurait trop admirer la sublime logicjue de ce grand penseur. Mais pour nous qui n'as-pirions ici qu’a degager le rćalisme de 1’idćal, nous devions arriver a des conclusions conformes & ce point de vue restreint. Nous ne pouvions dire ainsi du con-tingent ce que Kant disait de Fabsolu.
« La science, a dit avec sa haute pćnćtration notre savant confrere M. de Parieu, enseigne le vrai, d'ou resulte la mesure du possible (1). »
XIII
LA SCIENCE NE DOIT SON CONCOURS QU*A LA PRIMAUTE DU
DROIT SUR LA FORCE.
On sait que 1’humanitd a śtć toujours li\Tee a cette lutte perpśtuelle entre le droit et la force qui, a travers tant de sifecles, arrive jusqu'a nous.
Lorsque la philosophie, que Ton appelle la sagesse des nations, intervient dans cette lutte, ce ne devrait pas etre au moins pour se ranger du cótede la primautd
(1) Principes de la politiąue.
de la force, en glorifier le principe et aller menie irop souventjusqua en absoudre lesexcfcs.
Nous ne dirons pasque tel ait ćte le role qu’ait joue toute la philosophie allemande. II y a en Allemagne la grandę, la YĆritable philosophie qui a trop longtemps marche avec ćclat sous la banni&re de la priraautć du droit pour qu’on puisse la soupęonner aujourd’hui d’en arborer une autre, carce serait deinentir ses principes et repudiersa gloire.
Mais il y a loin de Kant a Hegel. Aujourd‘hui la primautć de la force, en nieme tenips qu’elle organise sapuissance matćrielle, s^rigc endoctrine et s’affirme comme une morale nourelle qui pretend mieux tracer la marche et comprendre l’avenir de Thumanitó que cette morale chrdtienne qui a fait le monde civilisó.
C’est ce que nous appellerons la doctrine hegćlienne, parce qu’on reconnait dans tous ses propagateurs les disciples de la philosophie de Hćgel, qui prśtend k la profondeur et k Toriginalite par de longs et nebuleus developpements se rćsumant, comme l’a si bien dit M. Franek, dans ce vcrs de notre La Fontaine :
t La raison du plus fort est toujours la meilleure. »
Cette philosophie hćgćlienne si bien analysće et si ćloquemment refutće par notre savant confr&re, cette doctrine qui, voyant toujours dans la \ictoire un signe d’election et dans la dśfaite une marque de reprobation divine, ajoute ainsi a la glorification de la force la dei-fleation du succ&s, n’obtiendra jamais parmi les nations civilisdes que la reprobation universelle de la cons-cience humaine.
Ce n'est donc pas a la morale hegelienne, mais k la