LE PRŻCEPTE 13
sa propre destinee 1)). Tout etre cree ne tend-il pas a se parf aire et selon sa naturę, en atteignant sa fin naturelle, qui preexiste dans 1’etre a la maniere d’une idee, d’une formę a realiser, et non de quelque chose d’impose par le dehors:
Incłinatur autem unumquodque naturaliter ad operationem sibi convenientem secundum suam formam: sicut ignis ad calefacien-dum. Unde cum anima rationalis sit propria forma hominis, na-turalis inclinatio inest cuilibet homini ad hoc quod agat secundum
rationem (1* 2«, 94, 3).
Ainsi chez 1’homme, c’est dans ce principe interne de direc-tion, sa raison, qu on devra trouver la normę de son activite, « la loi de son devenir )); et quand il s’agit de direction premiere, c’est la qu’il puisera ses premieres directives et sous formę de ju-gements normatifs, primordiaux dans Tordre morał (1» 2*e, 91, 2, ad 2um, sub finem)2.
Ceci pose, si Ton considere maintenant les actes de vertu, dont l’acte d’aumóne est une espece, on verra que les actes de toute certu tombent sous la loi naturelle. En effet, les jugements pri-mordiaux de celle-ci se rapportent aux fins demieres que Thomme doit poursuivre, et (( cette fin derniere consideree in abstracto est le regne de la raison en nous )). Mais n’est-ce pas la le but de toute vertu ? Et n’est-il pas atteint dans notre activit6 morale par les actes deliberes qui en sont les moyens, et qui des lors doiyent etre conformes a cette raison meme ? Cette raison qui s’attache a la
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Dom Lottin, 0. S. B., Le Droii naturel chez saint Thomas d'Aquin et ses predecesseurs, Bayaert, Bruges, 2e ed., p. 70.
Sur la pensee de saint Thomas en ce point, voir Dom Lottin, O.S.B., ouvrage cit6, p. 68-73 et Armales de V Inst. Sup. de Loucain, t. VI (1924), p. 332 sq.; P. Elter, S. J., dans Gregorianum, t. VIII (1927), p. 337 sq.; P. Ca-threin, dans Gregor ianum, t. XII (1931), p. 447-465. Voir par contrę la dis-cussion serree du P. Lehu, O. P., La raison, rlgle de moralite, d’aprls S. Thomas, Paris. Gabalda, 1930.