2408307337

paiti de temoignages indirects. On peut par exemple s’interroger sur la valeur docuroentaire c sources narratives telles que les chroniques: heritiers d’une tradition historiographiąt fortement influencee par la rhetoriąue, les chroniqueurs et les historiens du Moyen Ag agrementent volontiers ieurs recits de discours²³. Bień souvent, il s’agit de constructior litteraires, dont Petude n’est d’ailleurs pas depourvue d’interet a partir du moment ou elles soi reconnues comme telles²⁴. Mais il arrive aussi, comme nous aurons plus Ioin Poccasion de I demontrer a propos de Poeuvre de Michel Pintoin, que ces auteurs se fassent Pecho, sous ur formę ou une autre, de discours qui ont effectivement ete prononces, et dont ils ont pu eti informes par voie orale ou ecrite²⁵.

Par ailleurs, le temoignage offert par les chroniąues peut etre analyse a un autre niveai soit celui des representations mentales. La valorisation de Peloąuence hors du cercie etroń d< rheteurs professionnels est un phenomene particulierement sensible a partir du XIV siecle, ou se joint a une conscience accrue du pouvoir des orateurs et du role de la parole publique dans I vie politique. 11 n’a pourtant jusqu’ici guere retenu Pattention des medievistes, bien qu’il so atteste dans les manuels de chevaierie aussi bien que dans les traites ethico-politiąues rediges Pusage des princes chretiens²⁶. Nous verrons que dans la France de Charles VL il se manifest egalement dans la Ihterature a caractere historiąue, comme le montre rimportance attachee Fart oratoire par le Religieux de Saint-Denis²⁷.

²³    Voir Bernard Guenee. Histoire et culture historiąue dans l’Occident medieval, Paris. Aubier Montaigro 1980. p. 217; John O. Warci. "Classical Rhetoric and the Writing of History in Medieval and Renaissanc Culture". European History and Its Historians (Frank McGregor et Nicholas Wright, dir), Adelafde. Adelaic Unńersity Union Press. 1977. pp. 1-10.

²⁴    Voir notamment John R. E. Bliese. "Rhetoric and Morale: A Study of BattJe Orations from the Centn Middle Ages", Journal of Xfedieval History, vol. 15 (1989), pp. 201-226. Tout en reconnaissant que lc harangues militaires contenues dans les chroniąues ne sont pas des comptes rendus de discours rćeltemei prononces sur le champ de bataille. mais plulót des crćations rhetonąues des chroniąueurs, Pauteur estirr neanmoins que Icur analyse pennet de saisir quelque chose de la psychologie du guerrier medićval: ^mWhile th speeches do not tell us what individuat commanders actually said on specific occasions, they do show us wht kinds of things the chroniclers. with morę or less detailed knowledge of the psychology of combat, thought would have been appropriate to say^m (p. 204). Voir infra, pp. 54-58.

^ Voir infra. pp. 65-95.

²⁶ Voir Mark D. Johnston. The Treatmem of Speech in Medieval Ethical and Courtcsy Literaturę", Rhetoricc vol. 4, no 1 (hiver 1986). pp. 21-46. En France. Pintćrćt nouveau accordć a Peloąuence dans les "miroirs d prince” produits sous les premiers Vaiois a ćtć constate, mais n'a pas encore fait Pobjet d etudes approfondic voir Bernard Guenee. L 'Occident aux XIV* et XV siecles: les Etats; 5* ed., Paris, PUF, 1993 (1°* ed.: 1971J, | 141; J. Krynen. Idśal du prince et powoir royal, pp. 130-131; id., L <empire du roi, p. 207. ^r Voir infra,. pp. 17-52, en particulier pp. 26-52.