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parali les vertus du souverain ideał, d’ou 1’importance accordee a 1’educatkm reiigicuse des fil; de rois24. Le Religieux de Saint-Denis insiste surtout sur ies aspects publics et ostentatoires d< la devodon princiere U rapporte soigneusement t out es les visites du roi ou d’un autrc personnage important a son monastere. II souligne la generosite de Louis I" d’Anjou et de Jear de Berry envers les eglises du royaurae en generał et sa propre abbaye en particułier25. Et s’il reproche a Philippe de Bourgogne de s’etre montre trop avare de ses deniers, ił lui sait gre d’avoir retnpli adequatement son role de protecteur du clerge (ID, 146).
Autre trait constant du prince ideał au Moyen Age: ił doit etre juste. L’administration de la justice est une des taches les plus fondamentales de 1’Etat medievał, un aspect essentiel de la fonction royale26; la justice est aussi une vertu personnelle, une des plus anciennes et des plus importantes inscrites dans le portrait idealise du prince. Pour faire regner la paix et Pordre public, trois vertus sont necessaires au souverain: la force, la bonte et la sagesse . Les coiwictions politiąues de Michel Pintoin Pont conduit a faire des deux premieres des attributs
24 J. Kryneit Ideał du pnnce et pouvotr royal. pp. 78-84.
25 Brossant un ponrail poslhume du duc dłAnjou, le chromąueur !c ąualifie d'mecclesiarvm mumficus ditator fidele a l'excmple de ses aieux: "Devotenient occupe de tout cc qui concerne le service de Dieu. il aimait plus que tous Ies autres princes a entreterur un grand nombre de clercs. pour chanter assidumem les łouanges du Scigneur. et il leur donnait de riches vetements et des gages considćrables” (I, 328-329). Quant au duc dc Bem*, sa mort (sun cnue en 1416) foumit a Michel Pintoin Toccasion de rappeler que le mecenat fastueux de a grand collectionneur de reliques contribua particulierement a enrichir le monastere royal de Saint-Denis et lc chapitre de Notre-Dame de Paris (VL 30-32). Affichant son souci de concision habituel, le Religicux explique ailleurs qu'il serait trop long de rapponer en detail (longum esset enarrare) tous les exemples de la generosite du duc envers les eglises de France, mais il se gardę bien entendu de taire le don d’une relique de Papotrc Thomas a Saint-Denis, mecclesia dilectissima" de Jean de Berry; il croit me me devoir faire connaitre a la posterite comment le duc est entre en possession de celle-ci (11, 410-412). Le chroniqueur rapporte aussi qu cn 1401 Jean de Berry flt don de la tete et d'un bras de saint Benoit de Nursie aux moines de Saint-Denis, en echangę de reliques de saint Hilaire de Poitiers obtenues quelques ann^rs auparavant (U, 116-118 et 780-782). Les deux somptueux reliquaires offerts a Saint-Denis par le duc de Berry pour abriter ces precieux ossements om ćte detruits pendant la Revolution; on conserve uniquement certains des camćes antiques qui omaient le reliquaire de saint Benoit. Un inventaire de 1634 donnę cependant une descripdon detaillće de ces oeuvres d’art et Ies gravure$ qui accompagnent YHistoire de iabbaye de Saint-Denis en France de Dom Michel Fćlibien (Paris, 1706) pcrmettciu de se faire une idee assez precisc de leur aspect Voir Blaise de Montesquiou-Fezensac et Danielle Gabont-Chopin, Le tresor de Saint-Denis, I- Im/entaire de 1634, U- Documents divers, HI- Planches et notices, Paris. Picard. 1973-1977. en particułier aux pages suivantes: t 1, pp. 12, 112-113 et 129-146; L 3, pp. 10-11 et 34-39, pi. 3-4 et 17.
^ Taire d*une pan rćgner la justice, c est-a-dire non pas simplement trancher equitablement les litiges. mais. plus largemem. prendre toules mesures suscepdblcs de faire rćgner 1’ordre et Tóquitć; s’assurer d autre pan les ressources necessaires pour y parvcnirt tels sont les deux buts fondamemaux, incxtricablcment Lićs, de tous les Śtats medie\aux" (B. Guen^, L ’Occident awcXH* et XI* siec les, p. 181).
27 Ibid., p. 139.