En Charles V se trouvent donc unieś sagesse et eloquence. Son epitaphe, detiuńe lors de I Revolution mais que Michel Pintoin a eue sous les yeux, debutait d’ailleurs ainsi: "Cy gist le ro Charles le Quint, sagę et eloąuent"53. Le chroniąueur va encore plus loin lorsqu’il evoque I pere de Charles VI par la formule "Karolus rex, agnominatus disertus* (UL, 442)v
Sumomme le Sagę par ses contemporains, Charles V auratt tout autant merite, dans 1’esprit d
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notre auteur, de passer a la posterite sous le nom de Charles l 'Eloąuent.
Sous le regne de son successeur, l’eloquence devient l’une des ąualites exigees d souverain ideał. Associee a la prudence, elle rangę le prince parmi les hommes veritablemer sages”. En renforęant son autorhe, elle lui permet de tenir son rang dans la societe politiqu< "Est chose moult duisante a prince qu’il se induise a bel parier et a bien saigement t ordonneement dire ses raisons", declare Christine de Pisań dans le Lrvre cłu corps de policu "car n’est mie doubte que la saige parole et bien ordonnee yssant de la bouche du prince e; beaucoup plus pesee et vou!entiers escoutee que celle qui vient par aultmy"56. Une conceptio plus traditionnelle voulait que le prestige associe a Vauctoritas d’un puissant personnage suffis a lui seul a assurer le succes d’une demarche diplomatique. Au debut du XV* siecle encore, apparait naturel de confier les ambassades importantes a des "magne auctoritatis nuncii"57. E 1405, le duc de Bourbon est envoye aupres de Louis d’Orieans, afin de retablir la paix entre c demier et le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Sa mission ayant echoue, les conseillers du rc decident d’envoyer a sa place le duc d’Anjou, roi tituiaire de Sicile: "Rem posse finem conseąi peroptatum ob regie dignitatis auctoritatem credebant" (IH 312). Le duc d’Orleans s’etar montre inflexible, Louis n d’Anjou appelle bientót en renfort Jean de Berry: "U esperait que i duc, qui etait 1’oncle des deux princes [Bourgogne et Orleans], et le premier de la familie royal par l’age et le rang (omnes aurea lilia deferentes antiąuitaie et auctoritate precelleret.
53 M. Felibien. Histoire de 1’abbaye royale de Saint-Denys-en-France..., Paris. 1706. p. 555: cite par F DdachenaL Chroniąue des regnes de Jean II et de Charles V, L 2, p. 255 n. 1.
54 Bellaguet est naturellemenL quoique improprement, amene a tradiure ce passage par ’Ie roi Charles dit I Sagę’, mais pour Michel Pintoin comme pour tous les auteurs de son temps, disertus est un synomm d'eloąuens et de facundus. voir B. Guenee, "Le Religieux et les docteurs". p. 681.
55 Le chapitre XXVI de la pretniere panie du Uvre du corps de palicie de Christine de Pisań s'intituł< "Comment il appenient a prince qu’il soil prudent et ait saige doquence* (Christine dc Pisań, Le Uvre du corp de policie, ed. R. H. Lucas. Geneve / Paris, Droz / Minard. 1967. p. 80).
5,5 Ibid., pp. 81-82.
57 'Magne auctoritatis inde nuncii mittuntur (pour annoncer au papę Benoit XIII la reshtution d obedience de I France en 14031" on. 100).